25 JANVIER - RÉCIT France

Marco Koskas- Photo JEAN-MARC GOURDON/FAYARD

Marco Koskas n'est pas le premier père, loin s'en faut, à qui ce genre de choses arrive : prendre de plein fouet la crise de son fils, à l'approche de l'adolescence. Mais, sa situation personnelle est assez particulière. "Juif tune" arrivé en France à l'âge de 11 ans, Koskas a trois patries : la Tunisie de son enfance bénie, la France qu'il aime et où il est devenu écrivain (et détective, semble-t-il), et Israël, le pays de son coeur, où vit une partie de sa famille et où il séjourne fréquemment. Marié avec une goy, Léa, ils sont divorcés, ce que leur fils a très mal vécu même si tout le monde se voit et s'entend à peu près bien.

Alors le gamin, un vrai cancre que son père appelle joliment "Fiston", va, dès la quatrième, chercher auprès de la religion le refuge et la stabilité qui lui font défaut dans sa famille. Tandis que son père se considère comme un "Juif à la légère », un "Juif de Kippour », et que sa mère n'est pas juive (il en souffre d'ailleurs et le leur reproche méchamment), Fiston va exiger de faire sa bar-mitsva, se convertir, et même virer à l'orthodoxie la plus extrême. Devenant, notamment au moment des repas et de shabbat, une espèce de calamité pour son père poule, le coeur brisé sous le poids de la culpabilité. Les Séfarades sont réputés pour leur coeur "gros comme ça".

A l'été 2010, Fiston, 16 ans, a décidé d'aller passer une année en pension dans une moshav, une communauté ultra-intégriste en plein désert du Néguev, à quatre kilomètres de Gaza. Papa l'accompagne, et va passer son temps en allers et retours entre Israël et Paris, au rythme des cours, des shabbat et des vacances (religieuses) de son rejeton. C'est le journal qu'il a tenu tout au long de cette expérience - éprouvante - qu'il publie aujourd'hui. Mon coeur de père est avant tout un témoignage d'amour qui déclenche un questionnement identitaire chez Koskas. Notamment quant à la religion, même s'il ne supporte pas les rabbins intégristes et leurs diktats aberrants fondés sur une prétendue "Thora orale". De plus en plus d'Israéliens, et surtout d'Israéliennes, subissent aujourd'hui cette sinistre tyrannie.

Mais c'est aussi un livre drôle, enlevé, croquis amusé de "Tel-Aviv la dingue" avec ses bistrots, ses shalalas français qui friment sur les plages, toutes ses jolies filles qui surfent sur Facebook.

A la fin du livre - en juillet dernier -, la situation n'avait guère progressé. Si ce n'est que Fiston se fait désormais appeler Moshe, que Léa a publié un livre qu'elle lui dédie, et que Marco, apparemment résigné à vivre casher, s'est installé définitivement à TLV. Journal à suivre ?

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