Des saynètes bien troussées inspirées de la vie quotidienne, dans lesquelles elle excelle, aux histoires au long cours, Pénélope Bagieu s’est frottée à différents genres de bandes dessinées. Avec son nouveau livre aussi drôle qu’instructif, elle a trouvé un bel équilibre. De son trait frais et léger, utilisant les couleurs comme des coups de projecteur sur telle ou telle case, voire tel ou tel détail d’un dessin, elle compose avec Culottées une sorte de dictionnaire historique des féministes, par leurs actes plutôt que par leurs idées.
Dans ce premier volume, la dessinatrice croque, à travers des séquences de trois à sept planches, quinze femmes exceptionnelles mais pour la plupart méconnues - seule Joséphine Baker fait exception. Il s’agit de quinze fortes personnalités qui ont marqué leur temps, de l’Antiquité à nos jours, en France, en Afrique, en Chine ou aux Amériques. Clémentine Delait (1865-1939) n’est que l’épouse d’un boulanger des Vosges, avec juste un système pileux particulièrement développé. Mais après que le couple se sera reconverti dans la vie nocturne, elle décidera d’assumer sa barbe, devenant une vedette en France et en Europe.
De même Leymah Gbowee (née en 1972) n’est qu’une femme simple prise dans les soubresauts de la guerre civile dans son pays, le Liberia. Mais elle réussira à mobiliser pour la paix les femmes chrétiennes et musulmanes, obtenant le prix Nobel de la paix en 2011. Pénélope Bagieu présente aussi bien Margaret Hamilton (1902-1985), actrice d’Hollywood vouée aux rôles de femmes effrayantes tel celui de la sorcière du Magicien d’Oz, qu’Annette Kellerman (1886-1975), nageuse et businesswoman, inventeuse d’un maillot de bain pour femmes, qui n’a initialement rien à envier au burkini, ou Wu Zhao (624-705), concubine de deux empereurs de Chine successifs avant de s’imposer à son tour sur le trône. Qu’elle évoque Nzinga, reine du Ndongo et du Matamba (1583-1663), ou la guerrière et chamane indienne Lozen (1840-1889), elle saisit l’essentiel dans une économie de moyens, avec humour et pertinence. Fabrice Piault
