C'est une histoire de passions, d'aventures et d'amours, une épopée. Pour retracer la jeunesse de Pablo Picasso, de l'arrivée du jeune Espagnol à Paris, lors de l'Exposition universelle de 1900, à sa rupture, en 1912, avec Fernande, son premier grand amour, Julie Birmant (scénario) et Clément Oubrerie (dessin) ont choisi son versant le plus romanesque. Le récit nous est livré par la voix de Fernande, dont le peintre a laissé une centaine de tableaux. La vie tumultueuse et l'émancipation de la jeune modèle avant sa rencontre avec Picasso en 1904 ne sont d'ailleurs pas les moindres des centres d'intérêt du premier volume de cette saga qui en comptera quatre.
Chaleureux, coloré, le dessin affirmé de Clément Oubrerie est traversé par un souffle épique où se reflète l'influence d'un Joann Sfar, dans la collection duquel Oubrerie a déjà signé, avec Marguerite Abouet, le fameux Aya de Yopougon (Gallimard, "Bayou"). Picasso débarque à Paris, donc, avec son ami Carlès Casagemas. Et ses pas dans la Ville lumière vont d'emblée s'effectuer sous le signe d'une double passion pour son art et pour les femmes. Ses confrères espagnols de Paris - Nonell, Utrillo, Ramon Casas... - lui procurent simultanément atelier et rencontres galantes, permettant à Picasso de jouer en parallèle de ses deux pinceaux. Avec le premier, le jeune peintre doué et plein d'énergie se montre particulièrement prolifique. Il trouve rapidement agent (Pedro Mañach), galeristes (Berthe Weill, Ambroise Vollard) et clients. Le second, qui finira par perdre le fragile Casagemas, suicidé pour l'amour d'une Germaine, l'occupe tout autant.
Cela ne va pas sans complications, mais Julie Birmant et Clément Oubrerie font de ce jeu des passions un moteur majeur de la puissance créatrice de l'artiste. Le poète Max Jacob, auquel ce premier volume doit son titre, y a sa part. D'emblée fasciné et amoureux du travail de Picasso et du peintre lui-même, il joue un rôle pivot, l'éloignant de la facilité, lui faisant découvrir les poètes et l'orientant vers de nouvelles pistes plus exigeantes. Les titres suivants relateront les rencontres de Picasso avec Guillaume Apollinaire, Gertrude Stein, Georges Braque ainsi qu'avec son grand rival, Henri Matisse.
