C’est peut-être la Finlande, ou le nord de la Scandinavie, et c’est beau. Iwan Lépingle travaille les blancs, les flaques de neige. Mais ils sont grignotés par la rouille, les orangés, les bruns des planches de bois, des terres et des buissons brûlés, des engins de chantier, des combinaisons des ouvriers chargés de réhabiliter les sols archipollués de l’ex-usine de Géotrupe, qui extrayait du pétrole de sables bitumeux. Gaspar et sa fille Tessie s’installent dans ce Grand Nord indéterminé, qui dégage une anxiété sourde.

Le premier a perdu plusieurs emplois dans le sud. Il a pu en retrouver un comme nettoyeur du site grâce à son frère peu recommandable, qui dirige l’implantation de Géotrupe. La seconde, en attendant la fin des vacances d’automne pour reprendre l’école, découvre peu à peu les habitants de la petite ville à moitié abandonnée, à commencer par Aslak. Elle sympathise d’emblée avec ce grand gaillard un peu perché, qui vit en ermite dans la forêt où il produit d’étonnantes statues à partir de vieilles ferrailles et d’os de rennes et d’autres animaux du cru.

Or voilà que Pekko, un militant écologiste ami d’Aslak, qui démontre et dénonce la pollution des eaux provoquée par Géotrupe, disparaît mystérieusement. Tessie et Gaspar, rapidement en porte-à-faux, vont se trouver entraînés dans le thriller écologique conçu par Iwan Lépingle, qui met en scène des personnages attachants dans une atmosphère en tension. Fabrice Piault