L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie est décédé le 22 novembre à l'âge de 94 ans dans sa ville natale du Calvados, Les Moutiers-en-Cinglais. Spécialiste des questions agricoles et du climat, il a aussi marqué le monde du livre par son implication dans des institutions telles que l'Institut d'histoire sociale à partir de 2006 ou encore de la Bibliothèque nationale de France (BNF), où il fut administrateur de 1987 à 1993. « Il s'est engagé avec passion dans la conception et la réalisation de la nouvelle bibliothèque décidée par le président François Mitterrand, assurant la préservation de l'unité de l'institution », explique la présidente de la BNF Laurence Engel dans un communiqué de presse en date du 23 novembre.
Fils d'un propriétaire exploitant de l'Orne qui a œuvré pour les syndicats paysans, Emmanuel Le Roy Ladurie a toujours eu un pied dans le monde agricole. Le diplômé de l'Ecole normale supérieure (ENS), agrégé d'histoire, fut l'un des premiers à lier la condition des campagnes françaises à l'écologie, à travers des publications comme Histoire du climat en 1967 ou Histoire humaine et comparée du climat en 2000, principalement éditées par Fayard. La précision de ses écrits universitaires n'aura jamais rebuté les lecteurs : Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 (Gallimard, 1975) s'était écoulé à 250 000 exemplaires à sa sortie.
Polyvalent, il s'est aussi ponctuellement intéressé à l'histoire moderne et à la question religieuse.
À la retraite, il continua de défendre cette position, en apportant notamment son soutien au Giec. Son engagement politique varia tout au long de sa vie : adhérent du Parti communiste français en 1949 (époque sur laquelle il revient dans l'autobiographie Paris-Montpellier : PC-PSU chez Gallimard) et défenseur de l'indépendance de l'Algérie, il a soutenu Nicolas Sarkozy en 2012 et s'est opposé au pacte civil de solidarité (PACS) en 1998.