Qu'est-ce qu'un "petit musée"?
Si certains sites rouvrent à travers la France, comme le musée de l’Image à Epinal, le Manoir de Kerazan dans le Finistère ou encore le musée Soulages de Rodez, qui devrait accueillir des visiteurs à partir du 21 mai, la situation est plus délicate à Paris. Outre que l’appellation « petits musées » est un véritable casse-tête pour les directeurs de musées et édiles, l’intense fréquentation des établissements parisiens et la circulation encore importante du virus en île-de-France imposent une prudence accrue.
Seuls deux musées ont déjà annoncé officiellement leur ouverture dans la capitale. Le tout neuf musée de L’illusion, inauguré en 2019, accueille le public depuis lundi, avec moultes précautions sanitaires ; désinfection, cloisons en Plexiglas pour les employés, distributeurs de gel hydroalcoolique, signalétiques pour le respect de la distance sociale, visites sur réservations, etc. Mesures drastiques aussi à l’institut Giacometti qui ouvrira ses portes le 15 mai et a mis en place une "charte des visiteurs ". Pour visiter l’exposition "A la recherche des œuvres disparues", prolongée jusqu'au 21 juin, le port du masque sera obligatoire, il faudra réserver à l’avance et 10 personnes seulement pourront être accueillies toutes les 20 minutes et réparties dans le musée.
Une nouvelle étape en juin
Dans l’attente de ce qu’annoncera le premier ministre Edouard Philippe début juin, certains établissements construisent un calendrier prévisionnel et tentent de se projeter. Paris-Musées, qui regroupe plusieurs sites parisiens, table sur l’ouverture au 16 juin de plusieurs musées : Bourdelle, Cernuschi, la Vie romantique, la maison de Balzac ou encore, au Petit-Palais, l'exposition "La Force du dessin, chefs-d’œuvre de la collection Prat".
Les expositions qui étaient présentées avant leur fermeture seront prolongées: "Les Contes étranges de N. H. Jacobsen" jusqu'au 26 juillet 2020 au musée Bourdelle, "Cœurs du romantisme dans l'art contemporain" jusqu'au 13 septembre 2020 au musée de la Vie romantique, "1940 : Les Parisiens dans l'exode" jusqu'au 13 décembre 2020 au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin, "La Comédie humaine, Balzac par Eduardo Arroyo" jusqu'au 16 août 2020 à la maison de Balzac). "Nous avons privilégié des musées où des expositions étaient en cours ou quasiment prêtes », a expliqué à l'AFP Delphine Levy, directrice de Paris-Musées, soulignant que chaque ouverture sera accompagnée de l’envoi, pour approbation, d’un dossier avec une série de mesures spécifiques à la préfecture et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac).
Reports
Quant aux grands musées parisiens, tels le Louvre, Le musée d’Art Moderne, Le Musée d’Orsay ou encore la Fondation Louis-Vuitton, il semble peu probable de pouvoir y accéder avant l’été. Dans un communiqué, le Centre Pompidou détaille un calendrier sur la base d’une réouverture en juillet, "sous réserve des décisions qui seront prises par les autorités compétentes pour la réouverture des grands établissements culturels et les conditions de leur exploitation". Le musée y annonce notamment le report de la très attendue exposition "Matisse, comme un roman", initialement prévue du 13 mai au 31 août 2020, en hommage au 150e anniversaire de la naissance de l’artiste. Elle sera finalement présentée du 21 octobre 2020 au 22 février 2021.
Une vague de reports officiels d’expositions, voire d’annulation, est attendue à travers la France dans les semaines à venir. Avec à la clé des pertes économiques importantes pour les musées mais aussi pour les éditeurs de beaux livres et catalogues.