Journées de l'ABD 2024

Des bibliothécaires témoignent de l’utilité de l’intelligence artificielle… et de ses limites

Les journées d’études de l’association des bibliothécaires départementaux (ABD) étaient organisées du 23 au 25 septembre 2024 au Puy-en-Velay (Haute-Loire), et ont réuni 52 départements. - Photo Fanny Guyomard

Des bibliothécaires témoignent de l’utilité de l’intelligence artificielle… et de ses limites

Centrées sur le numérique, les journées d’études de l’Association des bibliothécaires départementaux, du 23 au 25 septembre, ont aussi abordé la question de l’intelligence artificielle. Comment les bibliothécaires peuvent-ils s’en saisir ? Jusqu’à quel point ? Éléments de réponse recueillis au fil des tables rondes.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 27.09.2024 à 15h59

Que ce soit pour trier automatiquement les livres de bibliothèques en réseau pour les distribuer équitablement (comme à Helsinki), rédiger rapidement le résumé d’une réunion, traduire le guide de la médiathèque en plusieurs langues, créer un atelier créatif, dénicher une couverture de livre avec un dauphin pour un lecteur qui souhaite le retrouver, les intelligences artificielles répondent présentes.

Capables d’analyser des milliers de situations similaires et de les synthétiser de manière personnalisée, elles peuvent aussi aider les professionnels à gagner du temps dans nombre de tâches. Trois familles d’IA existent : celles qui reconnaissent des sons, des images, des textes (comme le font BeatFind, Shazam, ScreenApp) ; qui proposent des prédictions (Artefact, Pigment) ; qui génèrent texte, son, image à partir d’une consigne (ChatGPT et Dall-E, le français Mistral AI, Copilot, Midjourney…).

Assistant des bibliothécaires

Devant les bibliothécaires réunis au Puy-en-Velay pour les journées d’études annuelles de l’Association des bibliothécaires départementaux (ABD), Gwénaëlle Cousin-Rossignol, directrice de la bibliothèque bordelaise de Bacalan, en reconstruction, a témoigné de son utilisation de l’IA pour… créer le fonds de 30 000 documents. Elle a présenté à ChatGPT la charte documentaire, les publics visés, le budget dédié, et lui demande « comment construire un fonds ésotérique de 100 documents pour une bibliothèque de quartier en évitant les ouvrages liés à des sectes ou trop controversés ».

Limites

Problème : ChatGPT ne connaît pas toute la production éditoriale, notamment la plus récente. L’outil s’avère plus utile pour conseiller un planning rétroactif, renseigner les thématiques à ne pas manquer, les personnages préférés des 12-15 ans… « Même en lui donnant des requêtes très précises, ses réponses sont à chaque fois à affiner, mais ça fait gagner énormément de temps », conclut la bibliothécaire.

Bref, un outil intéressant, mais limité voire problématique à cause des incompatibilités entre l’IA et certains tableurs, des agents conversationnels biaisés, du risque de fuites des données privées que renseignent les bibliothèques ou encore du poids écologique de ces gourmands serveurs relève le médiateur du numérique Cédric Limousin.

Prêter des IA comme des livres ?

Et l’IA comme support utile aux visiteurs de la médiathèque ? Cédric Limousin donne l’exemple d’une musique générée par un robot : « Comment se positionner par rapport à ce contenu, doit-on se cantonner à ce que font les humains ? », interpelle-t-il. Une bibliothèque peut aussi mettre à disposition cet outil. « La médiathèque de Chartres paie des comptes ChatGPT. On peut aussi acheter un ordinateur avec une IA est intégrée, mais ils coûtent cher… »

Encore faut-il que ces IA n’aillent pas à l’encontre des valeurs des bibliothèques : ne pas discriminer des individus, respecter leur vie privée, être capable d’expliquer ses choix biaisés. En accord avec la loi européenne sur l’intelligence artificielle.

D’autres applications et questionnements de l’IA dans LH le magazine d’octobre 2024.
 

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