Le centre pénitentiaire de Pémégnan, à Mont-de-Marsan (Landes), a signé fin avril une convention avec l’association Lire pour en sortir qui propose aux détenus un programme de lecture pouvant ouvrir à des réductions de peine. C’est le quatrième établissement à rejoindre cette initiative, après celui de Châlons-en-Champagne (Marne) en juillet 2015, et ceux de Frênes et de Nice en décembre dernier. L’avocat Alexandre Duval-Stalla, fondateur et président de l’association, est à l’origine de l’amendement adopté dans le cadre de la réforme du code pénal de 2014, dite "Loi Taubira", qui prévoit qu’une "réduction supplémentaire de la peine peut être accordée aux condamnés qui manifestent des efforts sérieux de réadaptation sociale", comme la participation à des activités culturelles, dont la lecture. L’association a constitué une collection de 240 livres - romans contemporains, classiques, poésie, BD, polars. Le détenu dispose d’un mois pour lire le livre et remplir une fiche de lecture.
Dans les établissements, l’association s’appuie sur les bénévoles du Secours catholique, qui apportent les ouvrages aux détenus et les aident si nécessaire pour rédiger la fiche. A Châlons-en-Champagne, plus de 60 % des détenus sont entrés dans le programme. "C’est le signe d’une forte demande, souligne Alexandre Duval-Stalla. Les détenus n’ont accès à la bibliothèque qu’une heure par semaine au mieux, car les contraintes sont importantes."
Le président revendique de travailler systématiquement avec un libraire local et la bibliothèque municipale. Tous les détenus ayant participé au programme qui sont passés devant le juge d’application des peines ont obtenu une réduction supplémentaire de trois à sept jours. L’initiative ne fait cependant pas l’unanimité.
La commission Etablissements pénitentiaires de l’Association des bibliothécaires de France émet des réserves notamment sur le côté trop scolaire de la fiche de lecture, qui peut être dissuasif pour certains détenus éloignés de la lecture. En effet, l’ABF tient à rappeler par la voix de son président, Xavier Galaup, qu’elle "promeut la liberté de lire quelle que soit la situation et se méfie de toute vision utilitariste de la lecture".
Véronique Heurtematte