Depuis le 2 octobre, les visiteurs peuvent découvrir à la Bibliothèque publique d’information (BPI) une grande exposition consacrée à l’œuvre de l’écrivain Claude Simon. Ce que le grand public ne sait pas forcément, c’est qu’elle a été élaborée autour de 40 manuscrits originaux, depuis L’herbe jusqu’à Tramway, et de 3 documents provenant des archives familiales de l’écrivain, prêtés par la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet (BLJD). Constituée par le grand couturier à partir des années 1920 comme témoignage de l’histoire littéraire de son temps, léguée à sa mort en 1929 à la chancellerie des universités de Paris, la bibliothèque Jacques-Doucet offre un ensemble exceptionnel d’œuvres littéraires achevées et d’éditions rares mais aussi de manuscrits, épreuves corrigées, correspondances, ainsi que 5 250 œuvres d’art et 177 objets mobiliers. Malgré un budget plus que modeste (80 000 euros de la part de la chancellerie des universités et 30 000 euros issus du mécénat), la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet continue à compléter et enrichir les fonds autour des auteurs «historiques» comme avec l’acquisition, en 2013, de 3 lettres d’André Breton datant de l’époque où il travaillait comme bibliothécaire pour Jacques Doucet. La bibliothèque tient également à rester ouverte à la littérature contemporaine. Elle a notamment reçu en 2010 les manuscrits de Jean Echenoz et vient d’acquérir un ensemble consacré à la poésie spatialiste.
La bibliothèque a également à cœur de faire connaître son fonds exceptionnel bien au-delà du cercle des chercheurs qui constitue l’essentiel de son public. Elle organise en particulier des visites pour les étudiants en premier cycle de littérature française, dont certains voient un manuscrit littéraire pour la première fois de leur vie ! « Le contact direct avec le manuscrit peut déclencher chez ces jeunes une émotion et une envie de littérature, explique Isabelle Diu, directrice de la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet. Nous avons un rôle pédagogique à jouer dans l’accès à la matière littéraire. » Autre action de valorisation importante : dans le cadre du programme «Livre espace de création» (LEC) chapeauté par l’ANR (Agence numérique de la recherche), seront numérisés une centaine de livres d’artiste issus de ses fonds. Cette bibliothèque numérique sera accessible à partir de 2015 depuis le site de la BLJD et dans le Sudoc, le catalogue collectif des bibliothèques de l’enseignement supérieur et de la recherche. Véronique Heurtematte