"Différents et complémentaires"

"La vision intelligente de la recherche est une vision transversale." Nathalie Léger - Photo Olivier Dion

"Différents et complémentaires"

Pour la directrice générale de l’Imec, Nathalie Léger, il est indispensable de faire comprendre la nécessité de préserver le patrimoine écrit.

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Par Véronique Heurtematte
avec Créé le 21.11.2014 à 01h03 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Nathalie Léger : L’abbaye d’Ardenne est un lieu désormais reconnu à part entière dans le paysage des archives littéraires et éditoriales. En dix ans, nous avons réussi à convaincre les chercheurs de venir ici, en Normandie, alors qu’ils étaient, dans un premier temps, plutôt hésitants. Au départ, on leur offrait le voyage en train depuis Paris ! Il faut être à la fois patient et actif. L’enjeu de la proximité était également très important. Nous sommes aujourd’hui identifiés comme un lieu culturel ouvert, fortement implanté dans la région. Nous avons des partenariats solides avec l’Université de Caen Basse-Normandie et avec les principaux acteurs culturels, notre programmation attire le public local. Nos rencontres avec des écrivains, notamment, font salle comble à chaque fois. Par ailleurs, nous renforçons notre visibilité à l’échelle internationale. Nous avons repensé notre site Internet, mis en place un service d’accueil à distance et une équipe qui aide les chercheurs à organiser leur séjour, nous avons établi des partenariats avec de grandes institutions étrangères pour l’accueil de chercheurs et l’organisation de colloques.

Notre principal objectif est d’ouvrir encore davantage nos collections. Nous allons achever en 2016 la restauration d’un bâtiment qui sera exclusivement dédié aux expositions. C’est essentiel pour montrer nos plus belles pièces et permettre aux visiteurs de saisir la richesse de notre collection. Nous avons également en projet la publication d’un beau livre qui mettra en valeur les archives que nous conservons. Nous souhaitons également renforcer nos actions pédagogiques, déjà importantes avec les scolaires, par des partenariats avec différents centres de formation de la région. Il est indispensable de faire largement comprendre la nécessité de préserver le patrimoine écrit.

Tout d’abord, nous devons veiller à mettre en adéquation l’enrichissement de nos collections et la mise en œuvre des moyens adéquats en termes de traitement et de stockage. Pour composer nos collections et accompagner la recherche, qui est notre mission première, il est essentiel de travailler sur la diversité des champs disciplinaires. A la création de l’Imec, on nous reconnaissait une légitimité sur l’édition mais pas sur la littérature ! Or l’une ne va pas sans l’autre. La vision intelligente de la recherche est une vision transversale. C’est le croisement des disciplines que les chercheurs explorent aujourd’hui. C’est ce mouvement que nous accompagnons.

C’est en effet une question importante pour les années à venir, et j’ai demandé à notre conseil scientifique d’élaborer avec nous un cahier des charges. Nous recevons et traitons déjà, bien sûr, des documents numériques, je pense par exemple aux archives de Jacques Derrida. Hanté par la perte et la disparition, il enregistrait de nombreuses versions de ses documents. Le travail sur les archives numériques est, d’une certaine manière, le même que sur les archives papier : conserver, décrire, communiquer, mais avec des outils technologiques différents. C’est un vrai chantier à ouvrir pour demain.

Les statuts, les missions, l’histoire de l’Imec en font un organisme singulier. En tant qu’association, nous avons plus de souplesse et de réactivité qu’une grande institution et la capacité d’entretenir une réelle proximité avec nos donateurs. C’est un aspect qui rassure nombre d’entre eux. Mais l’Imec n’a pas été créé pour supplanter des institutions comme la Bibliothèque nationale de France, avec qui je souhaite coopérer, ou les Archives de France, qui ont été très impliquées dans notre installation à l’abbaye d’Ardenne et sont membres de droit de notre conseil scientifique. Nous sommes différents et complémentaires. Ce qui est intéressant, c’est de travailler sur la mission d’intérêt général qui nous rapproche, pas de cultiver les clivages.

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