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Digital Publishing summit : dans les coulisses de l’organisation du livre numérique

Digital Publishing summit : dans les coulisses de l’organisation du livre numérique

A Berlin, la deuxième journée de la conférence organisée par EDRLab a abordé des sujets plus techniques, avec les acteurs chargés de la définition des standards du livre numérique, des moyens de protection des fichiers et des outils de lecture.

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Par Hervé Hugueny Berlin,
Créé le 17.05.2018 à 21h00

S’efforçant d’être précis sans perdre dans trop de détails leur auditoire pourtant très technophile, les intervenants de la seconde journée de la conférence organisée à Berlin par l’EDRLab ont exposé leurs actions et leurs projets dans l’organisation de la circulation du livre numérique, sur une base interopérable et ouverte, contrairement aux systèmes propriétaires contrôlés par les plus grands acteurs du marché, Amazon en tête.

Garth Conboy, ingénieur software chez Google et vice-président du groupe de travail « édition » du W3C, l’organisation mondiale définissant les normes du web, a présenté le programme de travail et les contributeurs bénévoles qui l’animent. Appartenant en général à de grands groupes, tel Luc Audrain pour Hachette Livre en France, ils définissent notamment les principes des différentes versions de l’EPUB3, pour fluidifier leur usage, les maintenir compatibles avec différents matériels, tout en préparant à plus long terme l’architecture de l’EPUB4.

Ben Walters, responsable du programme d’intégration l’EPUB3 chez Microsoft, a fait la démonstration du fonctionnement du projet sur Edge, le navigateur Internet développé par le concepteur de Windows, et le seul capable d’ouvrir et lire des fichiers EPUB sans extension supplémentaire. La lecture de livres numériques directement dans un navigateur est un des moyens de fluidifier leur circulation, mais le dossier n’est pas une priorité chez Chrome, Firefox ou Safari, regrette Ivan Herman, responsable des questions de publication numérique au W3C.

Interopérabilité et  circulation du livre numérique

Les applications dédiées restent le principal moyen de lecture de l’EPUB3, et l’EDRLab vient de terminer Readium 2, la deuxième version de son kit de développement entièrement revu, sous la responsabilité d’Aferdita Muriqi et Daniel Weck. Tous les concepteurs d’applications peuvent l’utiliser comme base de leur travail, pour lancer des readers adaptés aux iPod ou aux smartphones Androïd. C’était déjà la fonction du premier kit utilisé jusqu’à maintenant, mais souvent jugé incomplet et complexe. Pour les PC (Windows et Linux) et Mac, Readium 2 existera aussi en application complète et fonctionnelle, dans la mesure où personne n’en propose pour le moment. Une base homogène à toutes les solutions de lecture facilitera l’interopérabilité et la circulation du livre numérique, l’objectif principal d’EDRLab.

Avec la normalisation de l’EPUB3, le développement du système de protection Readium LCP est l’autre condition de la mise en œuvre concrète de cette interopérabilité. L’installation la plus rapide va démarrer en Allemagne avec Tolino, la liseuse et librairie numérique communes aux principales chaînes du pays, et aux libraires indépendants. Tolino a retenu Care, une solution de déploiement de Readium LCP proposée par TEA, filiale de Decitre. Au Canada, LCP est en cours d’installation dans le service de prêt en bibliothèques, a expliqué Marc Boutet, directeur de De Marque, qui en est l’opérateur technique. Le but est de remplacer le système d’Adobe, coûteux, compliqué d’usage et au final peu efficace.

En France, l’objectif est identique et l’expansion de LCP devrait aussi démarrer via le prêt en bibliothèque. Eden Livre, le diffuseur commun aux groupes Madrigall, Actes Sud, La Martinière (Média-Participations), dont De Marque est aussi l’opérateur technique, a consenti un investissement important pour y parvenir a indiqué Florent Souillot, responsable du développement numérique de Madrigall. «Sur les 120 000 livres diffusés par Éden, 80 000 sont encryptés avec LCP, dont 60 000 disponibles au prêt numérique», précise-t-il.

La transmission des ordres de fabrication

Il reste maintenant à trouver des applications de lecture et des liseuses compatibles avec LCP. Dilicom, qui pilote l’offre Prêt numérique en bibliothèque (PNB) vient de lancer son application baptisée Baobab. Les nouvelles liseuses de TEA seront aussi compatibles, de même que celles de Bookeen. La décision de Kobo, principal concurrent d’Amazon et d’Apple en France, est encore inconnue. L’autre enjeu de ces efforts autour de l’EPUB 3 et d’une solution de protection adaptée est de favoriser l’accessibilité du livre numérique aux lecteurs handicapés, un des objectifs importants de FEniXX, la société d’exploitation des livres indisponibles du XXe siècle, dans le cadre du programme ReLire.

La définition de normes dans l’échange de données concerne aussi la fabrication du bon vieux livre imprimé, qui reste finalement le support de lecture le plus  utilisé. En ouverture de cette journée très tournée vers l’univers immatériel, Michaela Pillipzen, responsable de fabrication chez Ullstein, a présenté Integrating Publishing, un projet d’uniformisation de la transmission des ordres de fabrication entre éditeurs et imprimeurs en Allemagne et aux Pays-Bas. Chaque ordre nécessiterait environ 6 heures de traitement administratif, entre l’éditeur et son fabricant, soit en fonction du volume imprimé en Allemagne et du coût horaire moyen, une dépense globale estimée à 20 millions d’euros. En France, éditeurs et imprimeurs conduisent un projet identique avec Clic-Edit. «Nous avons tenté de prendre contact, mais sans retour concret pour le moment», a mentionné Michaela Pillipzen.

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