André Weckmann, poète et écrivain trilingue, fût l'un des plus fervents défenseurs de la diversité et de l'échange linguistique et littéraire. Il est mort aujourd'hui, à l'âge de 88 ans des suites d'une embolie pulmonaire. Le poète et humaniste devait publier son prochain ouvrage en septembre.
Influencé par l'oeuvre du poète occitan Mistral, André Weckmann est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages en allemand, en français et en alsaciens : romans, récits, recueils de poèmes, essais, ainsi que de nombreux articles dans des journaux et revues. Tous ont contribué à un vaste plaidoyer pour le bilinguisme.
Né à Steinbourg (Bas-Rhin) le 30 novembre 1924, il fait ses études secondaires à Strasbourg puis à Besançon. De retour à Steinbourg en mai 1940, il écrit ses premiers poèmes « patriotiques » et anti-nazis en français. Incorporé de force dans la Wehrmacht en février 1943, blessé sur le front russe près de Fastov, il déserte en septembre 1944 et se cache dans la maison familiale jusqu'à la Libération, le 22 novembre 1944.
L'écrivain se souvient de ces trois mois de captivité, plus d'un demi siècle plus tard, le 28 février 2011, dans une lettre de soutien qu'il adresse aux deux otages français Hervé Guesquière et Stéphane Taponier retenus alors en Afghanistan.
Dans les années 50, il produit un grand nombre d'émissions radiophoniques pour Martin Allheilig, directeur de Radio-Strasbourg. Il publie ses premiers textes littéraires et satiriques dans la revue Elan.
Il participe au vaste mouvement de liberté qui déferle sur la France en 1968, dans l'espoir d'un renouveau des échanges linguistiques régionales et nationales. Il publie ainsi ses deux premiers livres en français et en allemand Les Nuits de Fastov (éditions Bf, 2004) et Sechs Briefe aus Berlin (1969).
En trois ans, de 1975 et 1978, il publie six ouvrages et reçoit le prestigieux Hebel-Preis en 1976.
De 1980 à nos jours, il a publié plus de 30 ouvrages. Il était considéré comme une figure centrale au niveau culturel, littéraire et de l'engagement pour l'identité régionale.
Pourtant son militantisme ne suffit pas pour reconquérir le terrain linguistique perdu. Avec Eugène Philipps, il lance un projet éducatif et culturel pour l'Alsace au service du bilinguisme. En 1999, il avait notamment signé avec plus de 400 artistes, intellectuels et représentants de la classe politique alsacienne un appel au président Jacques Chirac et au Premier ministre Lionel Jospin afin que la France ratifie la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Cette ratification n'est toujours pas effective, mais François Hollande l'a inscrite dans son programme présidentiel.