Les 82 entreprises ayant répondu à l’enquête sociale de branche de l’édition 2017, réalisée par Asymptéo pour le Syndicat national de l’édition (SNE), employaient 7 474 salariés au 31 décembre 2016, dont 10 % de CDD. Il faut y ajouter 1 037 travailleurs à domicile (TAD). Les salariés de la distribution (1 119) ne figurent pas dans ce périmètre, n’étant pas rattachés à la convention collective de l’édition. Ces maisons ont embauché 485 salariés en CDI, et ont enregistré 841 départs, en CDI toujours (1 693 départs avec les CDD). Elles ont également signé 613 CDD, la part des renouvellements n’étant pas précisée.
A périmètre comparable, dans les entreprises ayant répondu en 2015 et 2016, l’emploi en CDI a très légèrement diminué, de 0,43 % (contre une baisse de 5 % l’an dernier). Le nombre de travailleurs à domicile recule de façon plus marquée (- 4,2 %). La proportion des CDD reste stable, à 10,3 % de l’effectif total, mais cette précarité concerne surtout les employés : 47,1 % d’entre eux sont en CDD, contre 5,6 % des cadres. 11,4 % des femmes sont en CDD, contre 7,8 % des hommes.
En 2016, les maisons d’édition ont signé 405 CDI, soit 8,9 % de plus que l’année précédente, pour celles qui ont participé aux deux enquêtes. Mais il y a curieusement toujours le même problème de cohérence quand on rapproche l’effectif global en CDI du solde d’embauches et de départs dont il devrait résulter. A 637, le nombre de départs de salariés en CDI a augmenté d’un tiers. Les licenciements économiques ont presque doublé (21 contre 13), mais ils ne représentent qu’une part minime des causes de réduction d’effectifs. La démission reste le motif le plus fréquent (178 départs, soit 24,5 % du total), devant les ruptures conventionnelles (122) en hausse de 60 %, et les mutations internes (98, + 117 %) comptabilisées dans les départs.
Le nombre de CDD signés est presque identique d’une année sur l’autre (530 en 2016, contre 534 l’année précédente). Chez les travailleurs à domicile (TAD), les CDD sont nettement moins nombreux (7,4 %), mais la précarité est en réalité inhérente à leur situation qui ne leur donne aucune garantie d’activité, contrairement à ce que prévoit d’ailleurs la convention collective, d’où les discussions qui durent maintenant depuis plus d’un an, sans accord pour le moment.
Les salaires
Chez les cadres, qui représentent 65 % des effectifs de l’édition, les salaires ont connu une évolution disparate parmi les entreprises ayant répondu en 2015 et 2016. Pour quatre des dix échelons, le salaire médian a baissé, de 1,2 à 1,5 %. Pour les six autres échelons, la hausse va de + 0,2 % à + 5,3 %, la plus forte bénéficiant au salaire médian le plus haut, du dernier échelon. Il baisse en revanche pour les trois échelons de techniciens, mais augmente pour les quatre des agents de maîtrise. Chez les employés, le salaire médian baisse pour le premier échelon, mais augmente pour les autres (2 à 4,6 %).
La part variable du salaire concerne surtout les cadres, et tout particulièrement ceux du dernier échelon, pour lesquels elle représente 14 % du salaire médian total (contre 2 % pour le premier échelon, et 4 à 8 % pour les autres). Les 10 % de cadres les mieux payés (9e décile) bénéficient d’une répartition fixe/variable similaire à celle de l’ensemble de cette catégorie. Pour les employés et techniciens, le variable est limité (1 à 5 % du total), mais un peu plus important chez les agents de maîtrise.
Dans l’ensemble, les 10 % des salariés les mieux payés de l’édition gagnent presque 11 fois plus que les 10 % les moins payés (environ 205 000 euros contre 19 000 euros). Le salarié le mieux payé de l’enquête gagne 22 fois plus que le moins bien payé. C’est en l’occurrence une femme, qui gagne 72 000 euros de plus que son homologue masculin, parmi les entreprises ayant participé à l’enquête. Et le moins payé est un homme, qui gagne 67 euros de moins que son homologue féminin. Le salaire moyen des cadres les mieux payés représente 6,7 fois celui des employés les moins bien payés. En 2013, en Suisse, un référendum (rejeté) avait proposé de limiter le différentiel à 12 entre le plus haut et les plus bas salaires, dans une entreprise.
Egalité hommes-femmes
En 2015 comme en 2016, chez les cadres, les salaires médians des hommes sont supérieurs à ceux des femmes à tous les échelons, sauf au tout premier. A l’embauche, l’égalité est réelle mais la suite des carrières est défavorable aux femmes, bien qu’elles soient majoritaires dans l’édition : 73,5 % des effectifs au total, mais la proportion se réduit à 45 % au dernier échelon. Cette caractéristique est constatée depuis des années. Mais la situation évolue : parmi les entreprises ayant participé à l’enquête, dans 7 échelons sur 10, la rémunération des femmes a progressé légèrement plus vite que celle des hommes, ou a moins diminué, dans des proportions toutefois insuffisantes pour atteindre l’équilibre. La part variable peut creuser le différentiel entre hommes et femmes aux derniers échelons des cadres.
Par fonctions, sur un périmètre non comparable, mais qui peut éventuellement donner une idée de l’état du marché de l’emploi et de ses écarts entre les entreprises, 7 salaires médians sont en recul entre 2016 et 2015 chez les femmes et autant chez les hommes, mais pas aux mêmes postes. Les replis sont souvent plus importants chez les hommes, mais sur des effectifs non significatifs pour certains postes (5 sur 101 chez les attachés de presse, 25 sur 218 chez les assistants d’édition), une faible variation peut entraîner des différences importantes.