Dans un premier temps, ils ont signifié leur refus de venir à Blois par twitter : «J’ai dû annuler ma participation aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois voyant que l’horrible Gauchet faisait la conférence inaugurale» publiait Edouard Louis le 29 juillet, « Comme Edouard Louis, j’ai annulé ma participation aux Rendez-vous de l’Histoire pour protester contre la présence de Marcel Gauchet » a écrit de son côté Geoffroy de Lagasnerie.
En cause la présence de l’historien Marcel Gauchet, qui doit prononcer la conférence inaugurale. Le rédacteur en chef de la revue Le Débat est considéré comme un néo-réactionnaire. Sur son compte twitter, Edouard Louis n’hésite pas à publier des citations de Marcel Gauchet pour rappeler ses prises de position sur différents thèmes d'actualité. Le 1er août, l'auteur d'En finir avec Eddy Bellegueule lançait lun cri d'alarme en rappelant que « certains espaces légitiment de plus en plus des « idées » ultra-réactionnaires. Gauchet n’est rien : juste un symptôme. »
Dans une tribune parue dans Libération le 30 juillet, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie ont uni leurs plumes pour justifier leur absence à Blois : « Comment accepter que Marcel Gauchet inaugure un événement sur la rébellion ? Contre quoi Gauchet s’est-il rebellé dans sa vie si ce n’est contre les grèves de 1995, contre les mouvements sociaux, contre le PaCS, contre le mariage pour tous, contre l’homoparenté, contre les mouvements féministes, contre Bourdieu, Foucault et la «pensée 68», contre les revendications démocratiques ? Il a publié dans Le Débat tout ce que le France compte d’idéologues réactionnaires. Il a organisé des campagnes haineuses contre tous les grands noms de la pensée critique, etc.. »
Les deux auteurs expliquent que « Marcel Gauchet est un rebelle contre les rebellions et les révoltes. » Pour eux, « Participer à une manifestation «publique» (on ne peut désormais plus l’appeler «intellectuelle» ou «culturelle») qui semble vouloir lui accorder une certaine importance s’avère dès lors impossible. Ce serait faire comme si nous nous inscrivions dans un même monde que ce militant de la réaction. Cela reviendrait à être complice d’instances qui font exister dans l’espace de l’acceptable des idéologies néfastes et inquiétantes. »
Pour l’instant, seul le sociologue et philosophe Didier Eribon a rejoint le tandem en annulant sa venue à Blois. Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie appellent également l’historienne Michelle Perrot « à démissionner de son poste de présidente de cette 17ème édition. »
En réaction, Marcel Gauchet se pose en victime: « Ils ne veulent pas débattre. Ils excommunient, ils chassent les hérétiques » clame-t-il sur le site Bibliobs. Pour lui, ils se trompent de débat : « Ils déplorent en fait que cette rencontre entre historiens ne soit pas un festival de célébration de la rébellion.»
Dans le journal régional La nouvelle république, le directeur de la manifestation, Francis Chevrier, considère que cette « affaire » ne présente aucun intérêt et que le choix de Marcel Gauchet se justifie pleinement pour une conférence dont le thème est « Qui sont les acteurs de l’Histoire ? ». Il participera également à une table ronde sur « Les rebellocrates » aux côtés d’Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, et Aymeric Caron, journaliste estampillé polémiste.
Exactement ce que Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie dénoncent quand ils évoquent « l’une de ces innombrables opérations qui, dans le champ culturel, intellectuel ou médiatique, veulent toujours neutraliser les conflits ou les oppositions » auxquelles ils ne veulent pas prendre part.