MUSIQUE
C'est par là que tout a commencé pour Jackie Berroyer, fils d'un aviateur déporté à Dachau qui a fêté son retour à la vie et à la liberté en 1945. « Sans Hitler, je ne serais pas là », commente notre homme, pince-sans-rire. Ensuite, il a découvert la musique des GI's de la base de Laon : Elvis, les Platters, Paul Anka... Puis le jazz, et Miles Davis, vu sur scène à Paris en 1971. « Bouleversé, impressionné. » Il taquine lui-même toujours la guitare et la trompette (bouchée), en bon amateur. « J'ai même joué à l'Olympia, en 1980, avec le Professeur Choron, en première partie d'Au bonheur des dames. » C'est tout dire.
ÉCRITURE
Au début, il y a eu le journalisme rock, puis Hara-Kiri et Charlie Hebdo, avec des gens qui sont restés de sa famille, comme Delfeil de Ton. Son premier livre, paru en 1979, réédité chez Wombat en 2013, Rock'n'roll et chocolat blanc, était un reportage sur une tournée en Suisse de Téléphone, Higelin et Starshooter. Il a récidivé avec une quinzaine d'ouvrages dont la plupart sont nourris de ses voyages, chroniques et reportages parus dans la presse, et « dont les titres comportent souvent un "je" ». Comme Je vieillis bien (Albin Michel 1983) ou Parlons peu, parlons de moi (Le Dilettante, 2017). Mentionnons encore La femme de Berroyer est plus belle que toi, connasse ! (Le Dilettante, 1992), idée, titre et couverture du regretté Wolinski.
THÉÂTRE
« J'en ai fait très peu », raconte Berroyer, qui a fait ses débuts sur les planches en 2000 dans une pièce de Marcel Aymé et a joué dans une pièce d'Ingmar Bergman en 2004. « Tout le monde se demandait si j'allais savoir mon texte ! », s'amuse-t-il. Là, il vient de commencer de jouer dans La serva amorosa, de Goldoni (au théâtre de la Porte-Saint-Martin jusqu'en janvier). Ça marche fort et il est enchanté. « Casanova disait de Goldoni que c'était le Molière italien. » Jackie interprète un vieux marchand qui s'est remarié avec une jeunesse, laquelle en veut à ses sous. « Le texte est extraordinaire. »
CINÉMA
Là encore, son parcours est éclectique : il a fait pas mal de « panouilles » (figuration), écrit ou coécrit des films comme Double messieurs, avec Jean-François Stévenin, en 1981, pendant le tournage (sinistre) de Passion de Godard, en Suisse. Il a aussi réalisé un documentaire sur Benny Lévy, maoïste cofondateur de Libé sous le pseudonyme de Pierre Victor, secrétaire de Sartre, philosophe devenu un rabbin (contesté). « Ça s'appelait Traces d'un enseignement et c'est disponible en DVD chez Frémeaux & Associés. »
PHILOSOPHIE
Au fond, il n'y a que ça qui motive vraiment Berroyer. « J'ai le goût de l'étude et regrette presque de n'avoir fait que l'école buissonnière », déplore-t-il. Il s'est rattrapé depuis, fréquentant Kant, Berkeley, Leibniz ou Roland Barthes, en familier qui « folâtre dans tout ça ». Lui qui n'est pas juif, il s'est pris de passion pour le judaïsme et l'eschatologie messianique, ce « massif hébraïque » dont parlait Paul Ricœur. Jackie Berroyer conclut : « "On se lasse de tout sauf de comprendre", disait Virgile. »
Presque mort à Venise
Le Dilettante
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 22 € ; 256 p.
ISBN: 9791030801439