Sans doute faut-il y voir la manifestation d’une aspiration au partage dans un monde de plus en plus interconnecté : la mutualisation gagne du terrain. En librairie, plusieurs expériences se sont développées, au premier rang desquelles, en France, celle de Canal BD qui, avec plus de 100 adhérents, a enclenché une dynamique de forte croissance parmi les libraires indépendants en bande dessinée. Au Québec, les Liq - Librairies indépendantes du Québec - ont refondé l’identité de la librairie indépendante. Un axe sur lequel travaillent de longue date les libraires américains de l’American Booksellers Association (ABA), qui se retrouvent la semaine prochaine à New York à l’occasion de la foire professionnelle Book Expo.
Dans l’édition également émergent des stratégies de mutualisation ambitieuses parmi les petits éditeurs, dont la plus avancée est développée par l’Union des éditeurs de voyage indépendants. En cinq ans, ces neuf éditeurs, représentant un chiffre d’affaires de plus de 2 millions d’euros, ont bâti un dispositif de partage qui leur permet de réaliser des économies d’échelle dans des opérations commerciales et de promotion. Ils améliorent leurs compétences par l’échange d’expériences et préparent des outils logistiques communs pour renforcer leurs positions dans le réseau de diffusion.
L’esprit collaboratif souffle dans de multiples interstices de la chaîne du livre. Il est notamment porté dans le secteur de la "psycho pop" par les éditeurs et les auteurs eux-mêmes, qui cherchent à établir, comme les auteurs de "romans qui font du bien", un lien plus intime et plus interactif avec le lecteur en distillant de la bienveillance. De l’auteur et de l’éditeur au lecteur, comme le proclamait, dans le titre de son plus grand succès, Anna Gavalda, dont le nouveau roman s’impose cette semaine dans le Top 20 des meilleures ventes : ensemble, c’est tout.