Dans un genre où il n'est pas forcément facile d'inventer du neuf, Éric Fouassier, historien de la médecine et déjà auteur de quelques polars historiques, y parvient pourtant, avec cette série Le Bureau des affaires occultes, qui s'annonce réjouissante. Un peu comme Vidocq (qui lui prête d'ailleurs la main), l'inspecteur Valentin Verne est un marginal (chic, lui) et la survie de son service ne tient qu'au bon vouloir de quelques politiciens. Comme Casimir Périer, qui vient d'être nommé président du Conseil.

On est en 1831, et une affaire défraie la chronique : à Saint-Cloud, chez le riche Ferdinand d'Orval, sa fille Blanche, mystérieusement disparue, revient sous forme de fantôme, « ressuscitée » par un certain Paul Oblanoff, un pseudo-spiritualiste, faux mage et vrai escroc sous son vrai nom de Pierre Ouvrard. Mais est-il pour autant l'assassin d'Orval, retrouvé empoisonné ? Sa veuve Mélanie, qui le laisse entendre, vient trouver Valentin et son adjoint, Isidore, pour qu'ils enquêtent. Ils résoudront bien sûr ce mystère, au péril de leurs vies. En même temps, le policier se trouve brutalement confronté à son terrible passé d'enfant martyr, violenté par le monstrueux Vicaire, un tueur de jeunes garçons qui sème des cadavres et des lettres un peu partout, afin d'attirer Valentin pour un ultime face-à-face. C'est angoissant à souhait, bien sombre, et, derrière les intrigues, c'est toute une époque qui revit, ce début du XIX^e siècle où le centre de Paris ressemblait encore à un cloaque médiéval, repaire de toute la pègre.