« Et le Verbe s'est fait chair », dit l'évangile selon saint Jean. Dans un album tout simplement titré Jésus, le Nazaréen, que les chrétiens considèrent comme le fils de Dieu et messie, s'est fait illustration grâce au dessin de Serge Bloch et parole par le truchement des mots de Frédéric Boyer. Après avoir collaboré sur l'Ancien Testament avec Bible : les récits fondateurs (Bayard, 2016) - au départ un projet d'animations brèves pour le site de Bayard, également diffusées sur KTO -, la paire poursuit sa poétique exégèse.

Outre la vie de Jésus se déroulant de la crèche à la croix, ce nouvel ouvrage inclut l'Apocalypse, texte prophétique faisant partie du canon néotestamentaire. La gageure était ici plus grande car si les tribulations du peuple juif se prêtent bien à la narration avec leur côté péplum, le message du Christ peut paraître, surtout au grand public auquel ce livre s'adresse, assez abstrait : les évangiles sont truffés de paraboles nettement moins épiques. Frédéric Boyer restitue la substantifique moelle de la geste christique en insistant sur « l'aspect anthropologique plutôt que catéchétique ». Des idées fortes : « la joie radicale », « donner, partager, se donner », « l'espérance »... s'insèrent dans un contexte universel. Jésus parmi les pauvres, ou dans le désert. Suggestive, jamais appuyée, la séquence illustrée dégage une abstraction lyrique. Le trait de Serge Bloch est animé d'une énergie, d'un esprit qui traduit bien cette parole à la fois forte et fragile. Fragile en ce que la faiblesse et la douceur y sont valorisées : douceur de l'accueil, faiblesse des plus petits.