Cinq ans après son lancement en novembre 2008, Europeana, la bibliothèque numérique européenne créée par les instances de Bruxelles pour donner accès au patrimoine culturel numérisé des Etats européens, se penche sur son avenir. Passée de 2 millions de documents lors de son ouverture à plus de 30 millions aujourd’hui - livres, images, documents sonores provenant de plus de 2 300 institutions de 36 pays -, Europeana doit gérer sa montée en puissance. Première grande satisfaction pour la fondation, constituée de représentants d’institutions culturelles, qui préside à la destinée de la bibliothèque numérique, la Commission européenne vient de décider d’attribuer à Europeana, qui fonctionnait jusqu’à présent avec des financements ponctuels délivrés sur projet, une subvention annuelle régulière au moins jusqu’en 2020. "Cela va permettre à Europeana d’élaborer une vision à long terme", se réjouit Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France et président du conseil d’administration d’Europeana jusqu’en 2015. Seul bémol, la Commission européenne a indiqué que sa contribution serait dégressive, demandant à Europeana, comme aux autres organismes subventionnés dans le cadre des financements alloués aux infrastructures de service numérique, de développer ses ressources propres. Europeana a donc prévu de faire évoluer son système de gouvernance dans cette perspective, en particulier en l’ouvrant aux représentants des industries culturelles.
Incubateur culturel
Le nouveau plan stratégique 2015-2020, actuellement en cours d’élaboration, prend en compte cette nouvelle dimension et compte transformer Europeana de simple portail en véritable plateforme jouant le rôle d’incubateur culturel et favorisant la création de communautés d’usagers et la réutilisation des données disponibles dans Europeana. "Europeana s’est déjà engagée dans cette voie en demandant en 2012 à ses contributeurs de mettre leurs métadonnées sous licences libres autorisant la réutilisation y compris à des fins commerciales", rappelle Bruno Racine. Le président de la BNF affirme que les actions en direction du grand public, comme récemment la collecte de documents sur la guerre de 14-18, qui a rencontré un vif succès, ne seront pas abandonnées. Dernier projet en date, Europeana Sounds prévoit la mise en ligne d’ici à 2017 de 540 000 enregistrements : musique classique et traditionnelle, sons de la nature ou témoignages.
Véronique Heurtematte