Alors que le déconfinement a été annoncé pour le 11 mai, nous aussi nous pensons au jour d’après, comme nous l’avons toujours fait, en formant les futures générations de libraires depuis presque vingt-trois ans [à l'Université catholique de l'Ouest, à Laval, NDLR].
Le jour d’après, pour les universités et centres de formation, n’aura rien des grandes retrouvailles puisque, jusqu’à nouvel ordre, ces établissements restent fermés jusqu’en septembre. Qu’à cela ne tienne, si nous ne pouvons accueillir les apprentis, la formation à distance continue. Par contre, ce qui va tout changer, c’est que les apprentis vont retourner en librairie et se confronter à de nouvelles expériences et de nouveaux challenges. Et leur envie, leur motivation, leurs rêves de futurs libraires, les rendront capables de tous les possibles. Jamais nous ne nous serons sentis aussi proches des libraires que durant ce confinement…
Depuis le 13 mars, le jour d’après, pour eux comme pour nous, ce sera celui qui a permis de semer le pouvoir de changer le mot "chaîne" en "écosystème", et de faire jouer à chacun son rôle plein et entier !
Tirer parti des innovations
La formation tirera parti des innovations qui ont pu naître en cette période de confinement. Former, plus que jamais, ce ne sera plus penser demain mais après demain. Renforcer les réseaux professionnels, jouer la carte de la proximité non pas au titre de la tradition mais de ce besoin qu’ont les gens de se rencontrer, d’échanger, d’être guidés et de partager.
Le jour d’après s’est construit durant huit semaines de confinement où chacun s’est adapté et s’est demandé comment il voulait continuer à participer à ce grand opéra qu’on appelle la vie en société. Pour reprendre cette allégorie des tailleurs de pierres, il ne s’agira plus de construire des murs mais bien une cathédrale, celle du savoir et du divertissement, de l’adaptation et de l’anticipation, qui va de l’auteur au lecteur, en rendant à chacun son pouvoir de bâtisseur.
Les grandes questions mondiales se poseront toujours puisqu’il nous faut cohabiter et trouver un équilibre certes précaire, mais pourtant nécessaire, malgré nos différences, le poids de l’histoire et peut-être surtout au nom de l’avenir écologique. Qui, mieux que les auteurs, les éditeurs, les libraires et ceux qui forment les générations à venir, pourront aider les lecteurs dans ce pari fou d’un monde sinon meilleur du moins différent ?
Garder ses distances
À l’échelle locale et professionnelle, ceux qui prendront les rênes des affaires auront à réinventer des projets et des politiques qui laissent une place à l’initiative et à la créativité. Même si les rêves font les projets de demain, ne soyons pas trop naïfs ou idéalistes pour croire que notre société, après cela, sera plus égalitaire – est-ce d’ailleurs possible et souhaitable ? Si le temps semble s’être ralenti, au regard des lieux fermés et de la mesure économique de l’impact de ce virus, comment repenser l’organisation de nos sociétés, la place des livres et de la culture, en prenant en compte d’autres critères, d’autres valeurs, d’autres valeurs ajoutées ?
Le moment n’est pas encore venu, face à l’urgence sanitaire, de trancher ces questions. Il y aura sans doute, dans nos réponses, beaucoup de "si" et de "ça dépend"... Mais cela dépendra surtout de nous, et de l’engagement que chacun mettra à soutenir encore et toujours les libraires et leur formation.
Du "Restez chez vous" à "Venez chez nous", il n’y a qu’un petit pas. Mais pour participer, il faudra désormais venir masqué, garder ses distances et profiter intensément d’un instant présent, sans doute écourté mais plus dense. »
Et vous ? Racontez-nous comment vous voyez le jour d’après, comment vous imaginez la relance de votre activité en nous écrivant à l'adresse confinement@livreshebdo.fr