Evelyne Darmanin, responsable de la filière librairie à l’Université catholique de l’Ouest, à Laval (Mayenne), a rédigé
une tribune sur le site de l’établissement, en soutien aux libraires.
«
Ceux qui fréquentent les librairies, au-delà des simples lieux de commerce du livre, le savent bien : aller en librairie chercher, trouver, acheter un livre, relève d’une autre dimension que l’on appelle la rencontre, le conseil, l’empathie, la proximité ! Comment alors dans la diversité des librairies qui couvrent notre territoire aurions-nous pu laisser des grandes librairies lever leur rideau, parce qu’elles peuvent mettre à distance les uns des autres leurs clients, et laisser dans l’impossibilité d’ouvrir ces plus petites structures où l’on cultive une proximité physique avec les clients et les livres ? », écrit-elle.
Evelyne Darmanin l’assure : «
Nous qui formons des apprentis libraires, nous croyons en leur avenir professionnel parce que nous avons l’impatience chevillée au cœur de les retrouver dans leur librairie d’apprentissage, dans vos librairies, les vôtres, chers libraires qui transmettez votre métier avec passion et patience pour que demain vendre des livres reste un acte engagé »
Pour cette formatrice, ce qui fait la fidélité du client, du lecteur, n’est pas qu’une question de présence des livres en rayon : «
C’est avant tout et surtout cette capacité qu’a ce libraire, en particulier, de créer une offre qui nous correspond et de nous ouvrir les portes d’autres possibles. Ce libraire devient notre libraire par la qualité de son assortiment, de ses services, la qualité et la personnalisation de ses conseils et de ses coups de cœur, et qui vont bien au-delà de mettre des livres dans un carton et de l’expédier… La fidélité que nous devons à nos libraires, et aux librairies, ne se limite pas au fait d’avoir ou non une carte de fidélité, mais bien au fait de prendre soin d’eux, comme ils prennent soin de nous, avec ou sans le Covid-19… »
Aussi, pour la formatrice, le vrai combat est ailleurs : geler la vente des livres en grandes surfaces alimentaires et condamner l’entrée du rayon livre dans ces espaces. «
Quelle urgence y a-t-il à acheter tel livre en ligne, en format numérique ? Quelle urgence qui ne puisse être comblée par tous les livres qui nous entourent sans doute déjà ? », interroge-t-elle
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« Ne pas mettre en danger la vie des autres »
«
Concurrencer Amazon aujourd’hui, c’est faire en sorte que la profession des libraires soit plus que jamais solidaire et solide, qu’elle affirme ses spécificités qui ne sont pas uniquement celles de vendre du livre, c’est répondre à ce besoin de proximité, de mise en commun de stocks, mais c’est avant tout ne pas mettre en danger la vie des autres, de ceux qui vendent, de ceux qui expédient, de ceux qui livrent et de ceux qui reçoivent ces colis passés entre tant de mains et touchés par tant d’inconnus... » pointe Evelyne Darmanin, alors qu’Amazon est accusée par les syndicats de mettre en danger ses salariés.
Mais la lecture n’est pas une denrée périssable : «
Il est temps de sortir les livres oubliés de nos étagères et de prendre de l’avance sur ces livres mis de côté pour les vacances ou pour bien plus tard. Lire et relire les textes qui nous sont chers, d’un œil neuf... » Et de rappeler que «
les libraires seront là si nous, clients patients et fidèles de leurs lieux, nous avons su les attendre. »