5 septembre > Jeunesse France > Tom Haugomat

Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. Tom Haugomat en fournit la preuve dans cet album. Sur la page de gauche, ce que vit le narrateur, sur celle de droite, ce qu’il voit. L’enfance de l’art? Non, de l’art tout court. Avec une économie radicale de moyens - image minimaliste et texte quasi absent, si ce n’est des inscriptions sur des photos ou des frontons de bâtiments -, ce roman graphique de 184 pages déroule la vie d’un homme, de l’état d’embryon à l’état de mort. Dès la première page, le ton est donné question originalité et audace. Sur la page de gauche, un embryon flotte dans le placenta, tandis que sur la page de droite, un rose intégral évoque la vie intra-utérine.

Quelques pages plus loin, on le retrouve au stade de bébé avec vue, depuis son lit à barreaux, sur la silhouette vigilante de sa mère à travers la porte entrebâillée de sa chambre. Fil rouge de l’album, un rêve qui le hante depuis l’enfance: aller dans l’espace. Le cycle de la vie suit son cours, il tombe amoureux à son tour, devient papa, etc. Les scènes entrevues peuvent bien sûr l’être à travers portes et fenêtres, mais aussi jumelles, télescope, télévision et écran d’ordinateur. Celle à travers les interstices d’une palissade en bois où le narrateur observe la voisine en train d’étendre des draps blancs sur une corde à linge est simplement magnifique. Toute une vie avec ses joies et ses peines se déroule là sous nos yeux sans un seul mot, par la simple grâce des images en trois couleurs, des tons directs, et de la poésie née d’un va-et-vient entre l’infiniment grand du ciel et l’infiniment petit d’un insecte posé sur un brin d’herbe. Fabienne Jacob

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