La tisserande. Rarement artiste aura autant été inspirée par son enfance que Louise Bourgeois. Presque toutes ses sculptures évoquent des souvenirs de ses premières années. La nuit dans le jardin avec sa famille, il lui arrivait d'avoir peur de tout ce noir qu'elle devait traverser. En revanche, elle ne craignait jamais les araignées qu'elle trouvait « délicates et occupées », comme sa mère dont le métier était de réparer de très anciennes tapisseries. Plus que tout, elle aimait observer et aider la tisserande au travail. Elle dessinait par exemple des motifs dans les trous. Hélas, le grand bonheur de l'enfance a pris fin avec la maladie de sa mère. Pour surmonter sa peine, la jeune fille écrit et dessine. Elle se tourne vers des études d'art et part à New York avec le rêve de devenir artiste. Là, elle commence à sculpter de hautes silhouettes de bois qui lui rappellent les membres de sa famille qui lui manque, puis les fameuses chaises au plafond qu'elle a vraiment vues dans le grenier de sa maison française. Intéressée depuis toujours par les formes géométriques, elle dessine de grandes spirales, évoquant sa mère enroulant la laine sur des bobines de tissage. Ses cages remplies d'objets et ses amas de vêtements sont moins célèbres que l'araignée géante qu'elle a créée en 1999. Une bête colossale à huit pattes tout en marbre et métal qu'elle a appelée du nom de sa première inspiratrice... Maman. On dévore cette biographie qui nous plonge avec des mots simples dans la vie intérieure d'une grande dame ayant mis entre elle et ses origines un océan sans cesse effacé par son art.
Louise Bourgeois. L'artiste qui fabriquait des araignées géantes (et s'en fichait) Traduit de l’anglais par Marie-Line Hillairet
Phaidon
Tirage: NC
Prix: 14,95 € ; 48 p.
ISBN: 9781838666781