La décision a été brutale pour les 18 salariés et leur directrice, Colette Beskid. Ils attendaient un redressement judiciaire, qui leur laisserait 5 à 6 mois pour se retourner, mais c'est la liquidation de leur librairie que le tribunal de commerce de Beauvais a prononcé, mardi 23 octobre dans l'après-midi.
Les salariés de Gibert-Joseph tireront donc définitivement le rideau de leur boutique le 10 novembre au soir. « Pour moi, qui suis à deux doigts de la retraire, ça passe encore, mais mon équipe a vraiment le moral dans les chaussettes », constate Collette Beskid.
La directrice du magasin n'en demeure pas moins lucide. « Nous trainions une dette interne très lourde depuis trop longtemps. Continuer aurait mis en péril d'autres points de vente du groupe. »
La boutique, qui abrite un très fort espace France Loisirs, est passée sous les couleurs de Gibert-Joseph en 2001, lorsque l'enseigne parisienne a racheté les huit points de ventes de L'Univers du livre. En 2006, elle déménage pour occuper 1 300 m2 place Jeanne-Hachette, en plein coeur de la ville.
L'opération, ambitieuse, n'aura pourtant pas l'effet escompté. « Les coûts de fonctionnement, dont le loyer, se sont révélés anormalement décalés par rapport à la réalité de l'activité », souligne Marc Bittoré, directeur du réseau Gibert-Joseph. D'autant que le CA, qui s'élevait en 2011 à quelque 4 millions d'euros, s'amenuisait depuis plusieurs années.
« C'est vraiment un crève-coeur pour nous, d'autant que ce n'est pas dans nos habitudes. Je crois même que c'est quasiment une première », reprend Marc Bittoré. Dans les années 90, l'enseigne avait fermé un point de vente à Montpellier, qui en comptait deux, dans le but de recentrer l'activité sur une seule structure.