1er septembre > jeunesse France

C’est quelque part en France (une petite ville comme toutes les autres, son lycée, son usine, un peu loin de Paris et de tout avenir possible), le 6 janvier 2015. Caumes ne se sent pas très bien. Il a 17 ans et un sale goût dans la bouche. Celui, mâtiné de mauvaise vodka et de désenchantement, qui pourrait être d’un Holden Caulfield français, des zones périurbaines d’aujourd’hui. Heureusement pour lui, il y a ses amis, Hakim, un beur qui voudrait faire autant oublier ses origines que son ambiguïté sexuelle, ou Théo, le fil du maire socialiste de la ville. Il y a son frère aîné, enfui dès qu’il l’a pu de ce no man’s land moral et culturel, pour exercer à Paris le métier de journaliste. Il y a surtout Esther, l’ardente, vive et désirable Esther, son amour et sa ligne d’horizon, qui ce jour-là lui offre pour la première fois ses lèvres en lui promettant plus pour les jours à venir… En fait de quoi, Caumes aura aussi, dès le lendemain, les frères Kouachi, Charlie, l’Hyper Cacher, la violence comme paradigme de l’époque. Pas facile d’apprendre à vivre et à aimer lorsque l’on est un adolescent dans un pays qui s’adonne à sa pulsion de mort…

Caumes est le héros triste et plein d’espérance à la fois d’A la place du cœur, le nouveau roman pour la jeunesse d’Arnaud Cathrine, qui signe ainsi son entrée dans la jolie collection "R" de Robert Laffont. Le sous-titre, Saison 1, situe l’ambition autant que la méthode de son auteur. Cette saison des amours comme du deuil, qui en appelle d’autres, dresse un état des lieux sentimental et politique. Ou plutôt, comme souvent chez Cathrine, sentimental, donc politique. O. M.

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