Bien chantourné. En 2021, Francis Navarre avait publié au Dilettante un premier livre, De l'Hexagone considéré comme un exotisme, Hexagone qu'il a sillonné au gré de ses travaux, en tant qu'apprenti, puis charpentier aguerri. Avec Jours ouvrés, chez le même éditeur, il revient sur son parcours de vie, relativement atypique, au moyen de brèves saynètes.
On le suit depuis sa jeunesse au collège Jules-Vallès. Il se fait coller au bac, mais découvre L'enfant, Le bachelier, L'insurgé, la puissante trilogie prolétaire et anarchiste de Vallès. Ensuite, grâce à huit cent quarante heures de travail chez les Compagnons, il obtient son CAP. Les chantiers vont alors s'enchaîner, dont certains farfelus, comme cet hôtel bling-bling des Champs-Élysées où, avec ses camarades, ils se font piquer le minibar qu'ils avaient subtilisé, ou encore ce « travail bâclé » sur une maison, en Louisiane, pour cause d'économies. Il y aura encore cette expérience ratée de chaudronnier à Montréal, des virées dans les deux Allemagnes... Son truc à lui, c'est le travail du bois, dont il parle avec émotion, respect, et une avalanche de termes techniques pas toujours compréhensibles pour le profane, mais poétiques. Et puis enfin, à Hanoï, dans un temple, il prend conscience de sa fascination pour un autre artisanat qui sollicite à peu près les mêmes qualités que celles du charpentier : l'écriture. S'étant senti jusque-là illégitime, il cède, assume, et le lecteur se métamorphose en auteur. On sent bien qu'il n'arrêtera plus d'écrire. Juste quelques coups de rabot, et ça sera parfait.
Jours ouvrés
Dilettante
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 17 € ; 158 p.
ISBN: 9791030801132