Dans son texte, François Gèze met notamment en lumière l’interdépendance entre les éditeurs et les libraires. "Au-delà de ma longue amitié avec Christian Thorel, je peux témoigner à quel point sa 'politique éditoriale' a puissamment contribué à faire connaître les auteurs que j’ai publiés à La Découverte, dont j’ai pris la direction en 1982, jusqu’en 2014. Au point que, divine surprise, j’ai pu constater depuis que nos titres, nouveaux et plus anciens, ont largement bénéficié du véritable 'boom' des ventes de livres de 'sciences sociales critiques' observé depuis 2018-2019 : les libraires d’Ombres blanches comme leurs collègues dans d’autres villes m’ont confirmé que cette demande croissante venait d’abord des jeunes générations avides de mieux comprendre les turpitudes du monde capitaliste moderne, afin de mieux se mobiliser pour le changer…", écrit-il.
Une demande croissante venant des jeunes générations, mais pas seulement. "Je suis convaincu que ce tournant inédit n’aurait pas été possible sans l’obstination tranquille de centaines de libraires indépendants qui, chacun à leur manière, ont su s’appuyer sur la 'loi Lang' pour se développer", ajoute François Gèze, soulignant ainsi qu’une ligne éditoriale exigeante ne peut exister sans libraires eux-mêmes exigeants.