Frédéric Beigbeder a réécrit quatre pages de son nouveau livre

F. Beigbeder et la couverture de son roman

Frédéric Beigbeder a réécrit quatre pages de son nouveau livre

Olivier Nora, P-DG de Grasset, a convaincu l'auteur que les risques juridiques encourus étaient trop importants. Un roman français est en librairie le 18 août.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec te Créé le 15.04.2015 à 19h12

Dans un premier temps L'Express révèle l'affaire. Frédéric Beigbeder « a été contraint d'édulcorer un passage d'Un roman français, son livre à paraître le 18 août. » « Grasset a (...) dû discrètement procéder à un nouveau tirage de l'ouvrage, le premier étant désormais bon pour le pilon. » Quatre pages consacrées au procureur de Paris, Jean-Claude Marin, étaient la raison de cette décision. L'Express affirme que « le nom du magistrat était cité 23 fois en une litanie agrémentée de qualificatifs d'une rare violence. » Olivier Nora, P-DG de Grasset, conscient des éventuels problèmes juridiques que cela posait, aurait convaincu l'auteur de revoir sa copie. Le livre avait pourtant été expédié à l'ensemble des critiques littéraires parisiens (voir notre avant-critique de Daniel Garcia, ci-après) à la fin du printemps. La maison d'édition précise qu' « Olivier Nora a demandé à Frédéric Beigbeder de ne pas faire courir à son roman un risque de mise en cause judiciaire et de brouillage médiatique sans aucune commune mesure avec les ambitions réelles du livre ».

L'un des tirages les plus importants de la Rentrée littéraire

Mais Grasset tient aussi à corriger les propos de L'Express. Le livre déjà imprimé ne concernait pas celui qui allait être mis en vente : « Le véritable tirage du livre auquel il a été procédé en juillet pour sa commercialisation le 18 août correspond donc à cette nouvelle version, dont quatre pages ont été revues par l'auteur ». « En cas de tirage important d'un roman de la rentrée littéraire, Grasset procède en deux temps: un premier tirage hors commerce, début juin, à destination de la presse et des libraires, qui a en quelque sorte un statut d'épreuves sous couverture jaune, puis un véritable tirage décidé en juillet, une fois la prospection commerciale du titre achevée par les représentants, de manière à décider d'une quantité optimale en fonction des commandes effectivement passées par les points de vente. » Le premier tirage, tel qu'affiché dans Livres Hebdo 782, était de 3 000 exemplaires mais le livre devrait être imprimé à 80 000 exemplaires, soit l'un des six plus importants tirages de la Rentrée littéraire (voir LH 784).


Normalement, tous les passages supprimés de la première version du texte ne sont plus reproductibles. Le lecteur se contentera des nouveaux mots de Beigbeder. Il a modifié « ironiquement la forme de telle sorte que le risque de voir le livre attaqué, voire interdit, et pris de ce fait en otage dans une tempête de commentaires parasites, devienne minime. » « Je n'ai pas le droit de dire tout le bien que je pense de Jean-Claude Marin... »


Cette affaire lui aura donné un bon coup de publicité pour occuper l'espace médiatique à quelques semaines de la parution du roman.

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