C'est un film atypique à plus d'un titre qui sort en salle cette semaine. Fuis-moi je te suis est la suite de Suis-moi je te fuis, diffusé sur écrans depuis la semaine dernière. L'ensemble forme donc un dyptique qui avait été sélectionné au Festival de Cannes en 2020, annulé pour cause de pandémie. Le parcours de ce film du japonais Koji Fukada a auparavant connu d'autres étapes singulières : avant d'être proposé en deux long-métrages, il pré-existait sous la forme une série télévisée nommée The Real Thing, dont les dix épisodes ont été regroupés pour en faire une version cinéma de 228 minutes, sortie au Japon en 2019.
Un manga simple et intriguant
Cette comédie romantique et réaliste qui décrit les ratés de l'amour dans la société japonaise contemporaine à travers les péripéties sentimentales d'un jeune cadre est tirée d'un manga, Honki no Shirushi (The Mark of Truth), édité par Shogakukan. Son auteur, Mochiru Hoshisato présente un style simple parfois qualifié de féminin tant il narre avec douceur ses récits de romances. Certains connaisseurs du genre regardent cependant Honki no Shirushi avec un oeil plus intrigué. Ils dotent cette histoire en six épisodes publiés entre 2001 et 2003 d'une morale douce-amère : "la nécessité et les obligations sont plus fortes que la complaisance" ... et considèrent même ce manga trop déprimant pour être apprécié de tous les lecteurs. De quoi attiser l'intérêt de Koji Fukda qui a découvert Honki no Shirushi alors qu'il était étudiant et s'apprêtait à devenir l'un des cinéastes les plus inventifs du Japon, adepte des projets hors-normes. On lui doit notamment une adaptation de La Grenadière, une nouvelle de Balzac, traitée avec un mélange d'images d'animation et de peinture.