Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être marraine du Printemps des Poètes ?
Je suis très touchée. La poésie occupe une grande partie de ma vie quotidienne et de mon existence. Je vois le monde à travers un filtre qui transforme et traduit tout en poésie. Je ne connaissais pas bien le Printemps des poètes avant que Sophie Nauleau me contacte fin décembre. Elle m’a expliqué comment se déroule la manifestation. Au début, j’ai refusé la proposition, j’avais peur de ne pas avoir le temps de m’y consacrer pleinement. Finalement, nous avons trouvé le moyen de le faire et je trouve ça génial.
Qu’attendez-vous de cette 24e édition ?
Dans l’état actuel du monde, les guerres et tout le reste qui va mal, j’espère que la poésie peut nous donner un moment pour respirer. Ce n’est pas évident en ce moment.
Comment la poésie peut aider dans ces moments ?
J’essaie de voir le bien et le mal dans la poésie. Le mal et la tristesse peuvent être très poétiques. La poésie peut élever l’esprit et l’état d’un être humain. Je pense toujours à la fleur de lotus, qui a ses racines dans la boue et l’une des fleurs les plus précieuses qui sort de l’eau. La poésie, c’est un peu ça. Tout ce qui se passe dans le monde est grave, mais ce qui est important, c’est comment on le traduit nous.
Qu’est-ce que vous inspire le thème de cette année : “L'éphémère” ?
Le titre n’est pas important pour moi, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Je prête davantage attention au contenu. Lorsque nous avons travaillé avec Sophie Nauleau sur la manifestation, nous avons choisi et parlé des poèmes, sans vraiment rentrer dans des cadres. Mais pour vous répondre, l’éphémère, c’est la vie. La pandémie de Covid-19 nous a montré comment la vie est fragile et que notre passage n’est pas éternel. Plus vite nous comprenons que nous ne sommes pas éternels, mieux nous comprenons mieux la vie. Nous la prenons avec davantage de compassion et moins d’ego. Ce qui est éternel, c’est la trace que nous laissons dans l’esprit des autres.
Quelles sont vos grandes inspirations en poésie ?
Khayyam, Hafez ou Rûmî… Je suis très proche de Rûmî, je le comprends très bien. Il y a un rythme dans ses poèmes. Il dit des choses profondes d'une façon ultra simples et je pense que c’est pour cela qu’il est devenu tellement aimé. Il est très coquin aussi, sur le bord de la folie. Il est hors cadre, hors de l’ordinaire. C’est ce que j’aime dans les textes mythiques perses.
Comment décririez-vous la poésie en Iran, votre pays de naissance ?
Je trouve qu’en Iran la poésie occupe une grande partie de la vie des gens. Je ne pense pas pouvoir citer une personne en Iran qui n’a pas un lien avec la poésie. Je n’ai pas été en Iran depuis 15 ans, alors je ne suis pas la bonne personne pour dire ce qui s’y passe. Pourtant, je ne pense pas qu’une dictature ou n’importe quel autre gouvernement peut prendre la poésie du monde iranien. La poésie est beaucoup plus profonde que le reste.
Pour vous, quel est le lien entre la poésie et le cinéma ?
Quand je lis un scénario, je le vois un peu comme une métaphore : tout est un rythme de poésie. Pour moi, la poésie est à la racine de tous les arts. Elle rend tout ce qui est banal joyeux et triste en même temps. Même boire un verre d’eau peut devenir poétique. Tout dépend de la façon dont nous décidons de prendre la vie.