Habituées des ouvrages expérimentaux, les éditions MF étendent leur horizon avec une collection entièrement dédiée à la poésie. Un projet, qui selon le directeur Bastien Gallet, contacté par Livres Hebdo, vient d’abord d’une discussion avec Laure Gautier, poète et essayiste : « Nous avons constaté que nous recevions, depuis quelque temps, beaucoup de manuscrits de poésie ». Un phénomène plutôt « exceptionnel » pour l’éditeur, la maison n’étant pas directement affiliée à ce genre : « C’est comme si tout à coup nous attirions le regard de poètes ».
Un renouvellement du genre
Ces manuscrits « intéressants et disparates » ont poussé les deux collègues à lancer la collection baptisée « Poésie commune » afin de témoigner du « renouvellement du genre et des auteurs ayant un rapport différent au formalisme ».
Quatre textes ont particulièrement retenu l'attention du comité de lecture, créé pour l’occasion : Kixi de Florence Jou, Veules-les-Roses de Gabrielle Schaff, Poudreuse de Séverine Daucourt et Les branches des autres de Camille Sova. Tous sont écrits par des femmes : si Bastien Gallet atteste que ce n’est pas fait exprès, il concède néanmoins que cela permet d'affirmer « la présence manifeste et majoritaire des autrices dans la poésie ».
Du commun dans la différence
Les quatre premiers ouvrages paraissent tous le 25 mars, afin que les lecteurs puissent les découvrir, les comparer et « comprendre les similitudes entre ces recueils si différents ».
Cela constitue pour l’éditeur, l’essence de la collection, « déployer ce qu’il y a de commun entre des paroles disparates », et dans le même temps « dire ce qu’est la poésie aujourd’hui ». Le rythme de quatre ouvrages par an se poursuivra avec des premiers tirages avoisinant les 800 exemplaires.

« Rendre compte du foisonnement de la poésie »
En parallèle, le comité de lecture consacré à la poésie des éditions MF publie chaque mois une chronique poétique dans la revue Les temps qui restent, anciennement Les Temps Modernes, créée en 1945 par Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty. « Un moyen de créer un espace éditorial qui soit davantage qu’une collection et qui puisse rendre compte du foisonnement de la poésie qui suscite aujourd'hui un grand intérêt », selon Bastien Gallet.