Projeté pour la première fois au festival Sundance en janvier dernier, le documentaire réalisé par le Britannique Ben Lewis sur la gigantesque entreprise de numérisation de livres lancée par Google est disponible en streaming sur
Arte+7 jusqu'au 9 avril, et sera aussi reprogrammé sur la chaîne samedi 6 avril à 11 h 50, après une première diffusion le 2 avril en début de soirée.
Intitulé «Google et le cerveau du monde», le documentaire s'attache à faire comprendre les enjeux de ce projet et l'importance du droit d'auteur malmené par le moteur de recherche, un vrai défi pour une mise en image. Le résultat entraîne quelques simplifications et raccourcis dans une affaire qui a secoué les acteurs du livre dans le monde entier, et dont les principaux protagonistes sont mis en scène.
En dépit de quelques longueurs, ce film de 89 minutes ne dit rien de l'analyse déterminante du département antitrust du ministère américain de la Justice, qui a beaucoup compté dans le coup d'arrêt finalement donné par le juge Denny Chin. Le documentaire n'entre pas non plus dans le détail des accords avec les bibliothèques partenaires, notamment concernant la période d'exclusivité qui interdit d'autres initiatives éventuelles du même genre.
S'il donne la parole à Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque nationale de France, qui a porté la dimension politique et internationale de la contre-offensive du monde du livre, le film ne dit rien du seul procès ayant abouti à une condamnation de Google : celui du groupe La Martinière, auquel se sont joints le Syndicat national de l'édition et la Société des gens de lettres.
Tout s'est terminé, en France comme aux Etats-Unis, par des transactions confidentielles, sauf avec la Guilde des auteurs américains, dont les avocats réclament toujours 2 milliards de dollars au moteur de recherche, en espérant couvrir leurs frais pour le moment avancés à perte.
Paradoxalement, Google Livres n'a pour le moment donné aucun avantage apparent au moteur de recherche dans le marché du livre numérique : la librairie de Google Play reste largement distancée par ses concurrents aux Etats-Unis comme en Europe.