Google : nouvelles fonctions, nouveaux partenaires et combat juridique

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Google : nouvelles fonctions, nouveaux partenaires et combat juridique

La version livre du moteur de recherche américain s’enrichit de services supplémentaires, recrute de nouveaux adhérents, numérise toujours les ouvrages d’éditeurs qui s’y déclarent opposés, et organise sa résistance contre les assignations en justice.

avec Hervé Hugueny (Livres Hebdo) Créé le 15.04.2015 à 21h00

En développement permanent, la base « recherche de livres » de Google s’est enrichie récemment de nouvelles fonctions. L’une des plus spectaculaires est la liaison avec le système de cartographie (Google Maps) et de photos-satellite de la Terre (Google Earth), pour le moment disponible dans la seule version anglaise. Lorsqu’un nom de lieu repérable est mentionné dans un ouvrage, une carte s’ajoute dans la fenêtre des résultats, avec les repérages des points cités. Au-delà de la satisfaction d’une curiosité immédiate, ou du remède facile aux lacunes géographiques, l’intention est claire : l’internaute reste dans l’univers de Google, toujours plus vaste et plus communiquant entre ses différentes parties.

Cette même fenêtre se complète de diverses informations sur le livre appelé : le fonds dont il provient (lorsque l’ouvrage est reproduit dans le cadre d’un accord avec une bibliothèque), la date de la numérisation, une liste de termes ou de phrases clés, dans l’ensemble du texte et par chapitres, les mentions d’autres éditions, une liste d’ouvrages en rapport avec celui qui est recherché, ou encore les citations dont il fait l’objet dans d’autres livres. Ces deux dernières fonctions présentent un potentiel certain d’animation du fonds, qui devrait retenir l’attention des éditeurs et relever à moyen terme l’intérêt commercial des ouvrages les plus anciens.

De plus en plus d'adhérents. Parallèlement, le travail de persuasion du moteur de recherche porte ses fruits : le programme pour les éditeurs compte maintenant plus de 10 000 adhérents dans le monde, selon le groupe. Quelques maisons francophones supplémentaires s’y impliquent : Complexe et L’Harmattan (sciences humaines), John Libbey (médecine-sciences) et Vrin (philosophie), entre autres. Ils envoient leurs livres qui sont numérisés gratuitement, indiquent la proportion qu’ils laissent en lecture libre (au minimum 20 % du total du texte), et ont accès en échange aux statistiques de consultation. « Les éditeurs du groupe y trouvent des informations très utiles sur les sujets les plus recherchés », souligne Chantal Lambrechts, directrice du marketing chez De Boeck, groupe belge adhérent de Google depuis près d’un an. « Le volume de consultation ne dépasse pas 3 % des pages mises à disposition », ajoute-t-elle. Les membres du programme peuvent aussi bénéficier du trafic généré vers les librairies Internet listées en liens sur le côté de l’écran (Alapage, Amazon et Fnac.com pour la version française), ou vers leur site pour une vente directe (option retenue par L’Harmattan et De Boeck), ou encore vers la librairie la plus proche de l’internaute.

Princeton se rallie. Dans le même temps, Google se donne toujours plus de moyens pour numériser massivement les fonds de grandes bibliothèques universitaires. Le groupe vient de signer un douzième contrat, avec l’université de Princeton, limité aux titres du domaine public. Microsoft, qui démarre tout juste son projet concurrent, n’a signé que trois contrats. A partir des bibliothèques qui ouvrent tous leurs fonds, y compris sous copyright, Google continue d’avaler des ouvrages d’éditeurs qui ont très expressément manifesté leur désaccord. En dépit de l’assignation déposée en juin dernier par le groupe La Martinière, plusieurs centaines de titres du Seuil ont également été rajoutés. « Comme il s’y est engagé, Google est prêt à retirer les ouvrages des éditeurs qui manifestent leur désaccord, mais à partir de listes de livres, et non à partir du nom de la maison ou de son préfixe ISBN », insiste le service de communication. S’il est alerté, le moteur de recherche peut toutefois établir ces listes, charge aux éditeurs de les vérifier et confirmer qu’il s’agit bien des titres qu’ils ne veulent pas voir numérisés. En revanche, Google ne prévoit pas de lancer un projet de commercialisation de livres électroniques, y compris avec les éditeurs adhérents à son programme, mais travaille toujours à la mise en service d'un accès en ligne payant, sans donner de date quant à son ouverture

Bataille de procédure. Sur le plan juridique, le groupe ne baisse pas la garde. En France, il mène une bataille de procédure face à La Martinière/Le Seuil, le SNE et la Société des gens de lettres (SGDL), au tribunal de grande instance de Paris. Pour retarder l’examen de l’affaire sur le fond, ses avocats ont déposé un recours, estimant que ce dossier devrait être plaidé devant le tribunal de commerce – ce qui obligerait à tout reprendre. Ce premier verdict est attendu pour le 9 mars prochain. Aux Etats-Unis, la phase active du procès engagé par cinq éditeurs, leur association (AAP) et la guilde des auteurs, ne démarrera pas avant 2008, voire 2009, selon une récente enquête du New Yorker sur Google book search (1). L’article laisse d’ailleurs prévoir que le différend devrait se régler par une transaction, avant qu’il ne soit jugé. Ce qui conforterait la grande avance prise par le moteur de recherche sur ses concurrents Microsoft et Yahoo ! dans la remise en valeur des fonds éditoriaux, qu’il est pour le moment presque seul à défricher.

(1) http://www.newyorker.com ( « Google’s moon shot »)

15.04 2015

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