Tour à tour assistant d’édition, journaliste, responsable événementiel, barman de nuit, enseignant d’arts martiaux et libraire, Guillaume Bourain, sélectionné par la rédaction de Livres Hebdo dans la catégorie du Prix du libraire de l’année, finit par poser ses valises à la Rochelle pour y créer en 2017 Les Rebelles ordinaires.
Derrière ce projet se niche un double objectif : faire de la librairie un endroit "joyeux et solidaire", ouvert à tous et qui offre, grâce à l’assortiment, une réflexion sur la société contemporaine. Pour Guillaume Bourain, la librairie est un "lieu politique où on réfléchit sur une société meilleure, où l’on se retrouve et où l’on échange mais où l’on trouve aussi du divertissement."
Questionner l’évolution de la société
Un salon de lecture, installé à l’étage des Rebelles ordinaires, symbolise cette ambition. On peut y lire gratuitement n’importe quel ouvrage de la librairie. "On encourage même notre public à le faire car consulter un livre ne l’a jamais abîmé", plaide Guillaume Bourain.
Fermé depuis le confinement, le salon de lecture devrait rouvrir fin août, dès que "des consignes claires nous seront enfin délivrées", explique le libraire. En attendant, il a insaturé le principe du livre suspendu. En ajoutant quelques euros à leurs achats, les clients qui le souhaitent peuvent choisir un ouvrage pour l’offrir à un autre client, moins argenté.
Également mises en pause jusqu’en septembre, les animations constituent l’autre marque de fabrique des Rebelles ordinaires. Nombreuses et variées, elles cherchent toutes à questionner l’évolution du monde et à libérer la parole qu’il soit question de littérature ou de sciences humaines.
Innovante et audacieuse, la philosophie qui sous-tend les Rebelles ordinaires conduit parfois l’entreprise sur la corde raide. "Depuis trois ans nous devons fermer demain", s’amuse Guillaume Bourain. Mais grâce au soutien indéfectible d’une partie de sa clientèle, la librairie vogue contre vents et marée avec à sa barre un capitaine encore plus "motivé, depuis le confinement, pour que la librairie devienne un espace des possibles et des rencontres. La crise a redonné au livre, vecteur d’évasion et de réflexion, tout sa mesure et au métier de libraire tout son intérêt."