Avant-critique Roman noir

Hélène Couturier, "De femme en femme" (Rivages/Noir)

Hélène Couturier, le 18 avril 2017, lors d’une rencontre avec les femmes détenues de la maison d’arrêt de Nice. - Photo dr/Lire pour en sortir

Hélène Couturier, "De femme en femme" (Rivages/Noir)

Ça cogne chez Hélène Couturier, ça chante et ça danse aussi.

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Par Jean-Luc Manet
Créé le 16.01.2023 à 14h00

On se souvient d'Hélène Couturier et de son Fils de femme, premier ouvrage d'une autrice française dans la collection « Rivages Noir » en 1996. Le présent De femme en femme pourrait en être le second volet volcanique, complétant ainsi un diptyque enragé, fait d'itinéraires chaotiques et de liberté au galop. Cette fois c'est Ilyas, kabyle et prof de krav-maga, sans la moindre antinomie, qui claudique entre un amour maternel exclusif et une froide addiction aux rencontres féminines furtives.

Demain elles s'appelleront Ursula ou Sophie, mais ce soir les contacts se prénomment Élodie et Juliette, comme la chanteuse Juliette Armanet qui, en filigrane et en compagnie des tout aussi français The Blaze ou Luna Parker, dicte le tempo mélodique des interlignes. Élodie est flic et difficile à décrypter. Juliette est plus abordable, intello et sobrement en vrille. Cela ne suffit pas à expliquer l'amnésie d'Ilyas, qui oublie les fesses magnétiques de la première pour prendre le sillage plus désinvolte de la seconde. On va lui clarifier ses chefs d'inculpation à coups de garde à vue et d'intimidation.

Les scarifications encore fraîches qui strient sa peau parlent à sa place et contredisent sa naïveté basique. Ses souvenirs d'enfance maltraitée, devenus cataracte de violence pour ne pas céder au patriarcat et au mimétisme, le laissent groggy. Il ne sait plus. Mais une écriture crue et indélébile, d'une fluidité à la fois cartésienne et déstabilisante, lui balise sa fin.

Hélène Couturier
De femme en femme
Rivages
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 20 € ; 192 p.
ISBN: 9782743658427

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