Kapiten flamme. Après Les aigles endormis ancrés en Albanie et un Peter Punk au pays des merveilles plus armoricain, Danü Danquigny mise cette fois sur une conjonction de ses origines balkaniques et de sa gouaille bretonne d'adoption. De fait, il expédie son antihéros Desmund Sasse, authentique aimant à embrouilles, découvrir les joies mafieuses et poststaliniennes de la douce côte Adriatique. Sasse franchira les Alpes, tel un Hannibal riquiqui et boiteux, pour rétablir quelques postulats malmenés et museler les menteurs. Quant aux autres protagonistes, chacun cherche un fils, une fille, un passé plus ou moins lointain, une vérité, une loyauté et autres chimères d'un siècle révolu en somme. Chacun gravite d'abord sur son orbite chaotique avant de s'agréger au fil des chapitres, jusqu'à l'inéluctable télescopage de leurs destins du côté de Tirana, plus précisément du côté du cimetière des martyrs de Korçë. Tout un programme à la Sergio Leone, entre bons à rien, brutes épaisses et truands notoires. Desmund y prend des coups un peu mérités, son amie Élise s'embourbe à le suivre. Mais c'est autour du personnage d'Ernest Dervishi, ancien officier de la Sigurimi, soit la redoutable police politique du dictateur Enver Hoxha, que s'annoncent les ultimes collisions.

Une parfaite illustration du drapeau albanais, orné d'un rapace à deux têtes qui lorgnent l'une vers l'Ouest et l'autre vers l'Est, songeant que la poisse est la même sur chaque façade de la planète et, sans doute, encore pire sur place.