En octobre 2015, Gui Minhai et quatre de ses collègues avaient déjà disparu, enlevés par les autorités chinoises et jetés en prison. Leur maison d'édition, une filiale du groupe Sage Communication, est réputée critique à l'encontre du gouvernement chinois. Gui Minhai avait finalement été libéré sous conditions le 17 octobre dernier : l'éditeur avait l'obligation de rester sur le territoire chinois et de pointer régulièrement au poste de police, selon les indications fournies par sa fille.
Malade
Cette seconde disparition intervient alors que l'éditeur voyageait en compagnie de deux diplomates suédois pour se rendre à l'ambassade de Suède, située à Pékin, pour un examen médical. Gui Minhai présente des symptômes de la sclérose latérale amyotrophique, une maladie neurodégénérative plus connue sous le nom de "maladie de Charcot".
Des symptômes "qu'il n'avait pas avant d'être jeté en prison", assure John Kamm, défenseur américain des droits de l'homme qui travaille avec la famille Gui pour tenter de faire extrader l'éditeur. "Je prie pour que nous ne soyons pas témoins d'une autre mort d'un homme jeté en prison pour crime politique", a-t-il continué en faisant référence au décès, jeudi 13 août, du prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo.
"Triste histoire d'intimidation"
Dans un communiqué, l'Union internationale des éditeurs a appelé à la remise en liberté de l'éditeur. "L'enlèvement, dans un train, de Gui Minhai est juste un autre chapitre d'une triste histoire d'intimidation à l'encontre des éditeurs de Hong Kong. Ce n'est pas un roman d'espionnage mais un abus des droits l'homme", dénonce Kristenn Einarsson, présidente de la commission "Liberté de publier" de l'UIE.
"Le gouvernement suédois est pleinement conscient de ce qui est arrivé, samedi dernier, au citoyen suédois Gui Minhai", a écrit Katarina Byrenius Roslund, directrice du service presse du ministère des Affaires étrangères, dans un mail repris par le New York Times. "Ces événements ont été traités avec le plus grand sérieux et des mesures vigoureuses ont été prises au plus haut niveau du gouvernement", a-t-elle assuré. La Suède et l'Union européenne ont exhorté la Chine à libérer l'éditeur suédois.