Les éditions de la galerie d'art Yvon Lambert publient le 2 juin De Civitate Angelorum du philosophe et docteur en littérature française Donatien Grau. Dans cette fiction de 24 pages exclusivement écrites en latin, l'auteur revient sur les attributs géographique, symbolique et artistique de Los Angeles qui ont nourri et fait l'histoire de la ville jusqu'à l'élever au rang de mythe.
Ancien élève de l'École normale supérieure et diplômé de l'IEP de Paris, Donatien Grau a vécu et travaillé à Los Angeles notamment au sein du Getty Research Institute. « Los Angeles est à la frontière de l'océan Pacifique, et constitue la fin des Etats-Unis d'Amérique, qui se sont rêvés, notamment au XXe siècle, comme la réinvention de l'Occident. » Ce concept fondateur, celui de la « pointe extrême de l'Occident », est en filigrane dans De Civitate Angelorum.
« Là où l'Occident se rêve »
« Los Angeles est l'endroit de l'Occident où il se rêve et se reflète à lui-même, confronté à l'Asie d'une part, au Mexique et à l'Amérique latine de l'autre. On le voit dans toute la littérature, tout l'art conçu à Los Angeles lors des cent dernières années, de John Baldessari et Paul McCarthy, à David Foster Wallace, David Hammons ou Maggie Nelson », explicite Donatien Grau. Le magnat de la finance et du pétrole Jean Paul Getty y a par exemple fait bâtir un musée de l'Antiquité à l'image de la « villa des Papyrus », l'établissement des élites romaines installé en Campanie.
L'auteur, antiquisant, fait également écho dans son livre à la thèse de « la fin de l'Histoire » des auteurs post-Rome antique. De Civitate Angelorum est en fait une référence à De Civitate Dei (La Cité de Dieu) de Saint-Augustin. « A la fin du IVe et au début du Ve siècles, les auteurs latins avaient le sentiment d'arriver après l'Histoire, la grande Histoire de la littérature et de la civilisation antiques », précise l'auteur. L'Imperium romanum s'est effondré, « l'Histoire est finie : que faire ? La réponse donnée par des auteurs comme Nicomaque Flavien, Boèce, Claudien ou encore Prudence, mais aussi les abréviateurs historiques : retracer cette histoire et créer à partir d'elle. »
Au XXe siècle, cette idée est réapparue avec le mouvement du postmodernisme. Il a eu une grande influence à Los Angeles avec ses représentants : « de Joan Didion à Umberto Eco, qui a écrit un texte célèbre sur la Getty Villa, recueilli dans La guerre du faux (Grasset, 1985). Ou bien, en architecture avec Frank Gehry et Thom Mayne », poursuit l'auteur. « J'ai donc rapproché ces deux moments. [...] Comme un lien au travers des temps et des lieux. »
Une lecture intégrale du texte par l'auteur est prévue le 2 juin à 18 h, à la galerie Yvon Lambert installée à Paris.