En quatre jours, avec presque 250 euros et un changement de code APE, une pancarte verte sur le fronton est posée : "Librairie Loeve & Co". Le code d’activité principale (APE) exercée est un outil statistique utilisé par l’Insee. Il a suffi de quatre conditions pour le changer : avoir une activité permettant la vente de livres, obtenir l'autorisation d'en vendre auprès du propriétaire du local, faire enregistrer le changement sur le Kbis (document attestant l'existence juridique d'une entreprise commerciale), et un dernier critère qui est la vente de livres neufs.
"J’ai appelé tout le monde pour les prévenir", explique Charles Geoffrion, employé de la galerie. Une heure après l'ouverture, plusieurs artistes viennent déposer leurs ouvrages. C’est le cas de Saig de Quenetain, qui remet, Paris hors du temps (Editions Tactile). "Une amie qui travaille dans le monde de l’art m’a parlé de cette initiative, j’ai saisi l’opportunité", explique l’auteur. En quelques minutes, l’ouvrage est enregistré et intégré dans la boutique. “Les ouvrages sont tournés vers l’art, nous sommes plus à même d’en parler”, affirme Charles Geoffrion.
Modèle “frondeur” et avis mitigés
Dans la galerie d'en face, Marie-Hélène de La Forest Divonne se réjouit de cette initiative "frondeuse et songe sérieusement à suivre ce modèle". Elle espère que toute les galeries de la rue puissent rouvrir dans ces conditions, notamment pour faire face aux salles de ventes, qui continuent de pouvoir exercer.
Pourtant, l'idée ne fait pas l’unanimité. "Je ne pense pas que se transformer en librairie pour contourner le décret soit la solution. Ce n’est pas comme ça que nous entendons défendre la cause des galeries", réplique Géraldine de Spéville, déléguée générale du Comité professionnel des Galeries d'Art.