Le patron d'Amazon Jeff Bezos s'est offert lundi 5 août le Washington Post, marquant le virage de la presse vers le numérique et la fin d'une dynastie à la tête du prestigieux quotidien américain à l'origine du Watergate. Le journal, septième quotidien le plus lu aux Etats-Unis, était détenu depuis quatre générations par la même famille, les Graham, descendants du financier Eugene Meyer qui l'avait acquis en 1933.
La cession a été effectuée pour 250 millions de dollars (190 millions d'euros). Ce n'est pas Amazon, mais Jeff Bezos en son nom propre, qui rachète le groupe de presse. Outre le Washington Post, il acquiert une série d'autres journaux du groupe familial, qui compte changer de nom. En revanche, des publications comme Foreign Policy et Slate magazine, une des réussites du journalisme en ligne, ainsi que d'autres actifs comme le siège du groupe, ne font pas partie de la transaction.
Partenariats avec Amazon ?
A l'image de l'ensemble du secteur de la presse, le Washington Post est confronté à une érosion de ses revenus alors que les lecteurs se tournent de plus en plus vers des contenus gratuits sur internet.
Evidemment, de nombreux experts imaginent déjà l'hypothèse d'un partenariat entre le cybermarchand et le groupe de presse, comme la publication des contenus du Washington Post sur la tablette Kindle ou encore des vidéos du Post publiées sur le site de vente en ligne.
A 49 ans, le patron d'Amazon est à la tête de la 19e fortune mondiale, estimée à 25,2 milliards de dollars en mars, selon le dernier classement du magazine Forbes en la matière.
L'opération est la troisième annonce en trois jours d'un changement de propriétaire pour un titre phare de la presse américaine. Le groupe de médias en ligne IBT Media avait déjà annoncé samedi le rachat du magazine Newsweek pour un montant non communiqué. Le même jour, le New York Times avait annoncé la cession du Boston Globe au principal actionnaire du club de baseball de la ville, les Red Sox, John Henry.
En France, il y a trois ans, Xavier Niel, patron de Free, s'était associé avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse pour racheter Le Monde et ses diverses publications.