Chat majesté. Comme chatcun sait, l'humanité se divise en deux catégories : les amis des toutous, et ceux des matous. Les deux s'entendant « comme chiens et chats », seule une mince partie de la population aime tout ce petit monde. Parmi les chatophiles, les écrivains représentent le plus fort contingent. Pourquoi ? Jérôme Attal, artiste éclectique et heureux propriétaire d'une Mitsy qui l'empêche d'écrire les premières lignes de son livre, peut-être trop pompeuses, émet quelques hypothèses plausibles : comme le chat, l'écrivain, à travers ses phrases, est bien obligé de retomber toujours sur ses pattes. Et puis, chacun des deux, même lorsqu'on croit le connaître et l'avoir apprivoisé, conserve sa part de mystère. Il aurait pu ajouter : comme le chat, l'écrivain préfère être caressé dans le sens du poil...

Avec humour, donc, mais aussi une solide érudition, Attal a rédigé son petit traité au fil de la plume, en mêlant anecdotes personnelles et histoires des autres, surtout des écrivains mais pas seulement : Colette et ses chartreux bleus, Isaac Newton, qui inventa aussi la chatière, Balthus, qui se peignit en Roi des chats, Karl Lagerfeld et Choupette, sa féline millionnaire, ou encore Francis Cabrel et sa résidence pour artistes d'Astaffort où errent aussi des chats pouilleux... On trouve même Gilles Deleuze, qui n'aimait pas « les frotteurs ».

À lire et à relire en écoutant Year of the Cat, le chef-d'œuvre d'Al Stewart, qui figure dans la playlist qui conclut l'opus.