Livres Hebdo : Le premier tome de Lou !, Journal infime, est sorti en 2004. Depuis, 8 autres tomes ont vu le jour, ainsi qu’un film et une série. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Un regard très optimiste. Lou ! a maintenant une vraie communauté et c’est ce qui me nourrit, j’ai grandi avec elle. J’échange beaucoup avec mon lectorat, sur les forums, les réseaux sociaux et pendant les manifestations littéraires. Et rétrospectivement, je suis heureux que mes éditeurs (ndlr : Glénat) m’aient accordé autant de libertés pour développer la série. J’ai fait évoluer Lou, des incartades qui frôlaient le fantastique… Dans chaque album, je voulais réinventer la série, célébrer la jeunesse et l’encourager, même quand tout semble mener vers une fin du monde. Des fois, je sais que ça peut être d’un optimisme un peu naïf, mais c’est mieux que de tomber dans le cynisme. Je me sens trop responsable de mes lecteurs pour ne pas leur procurer du réconfort, c’est une manière de retranscrire mon engagement politique.
Les deux tomes existants de Lou ! Sonata ont une bande-son à écouter sur toutes les plateformes d’écoute, et le deuxième, dont l'histoire se déroule lors d'un festival, s’accompagne même d’un vinyle. Pourquoi la musique est-elle aussi importante dans la série ?
Ça fait un moment que je voulais dessiner un festival. Il y a quelques années, mon frère m’a emmené au Cabaret Vert de force, et cette expérience m’a guéri de mon agoraphobie. C’est pour ça que l’album est dédié à cet évènement. Au moment de la conception de Sonata, je me suis demandé comment mettre de la bande dessinée en musique. J’ai donc monté mon label, et je me suis mis à travailler avec des musiciens de tous horizons. Je voulais aussi raconter une histoire sans ellipses, façon caméra embarquée. Après avoir suivi Lou sur un an pendant le premier tome de Sonata, il fallait changer un peu de formule. Après la sortie du 3ᵉ tome, on aimerait bien pousser cette expérience interactive en organisant des spectacles et des concerts avec la bande-son de la trilogie. Nous préparons déjà des évènements, et peut-être un livre-anniversaire sur la « génération Lou ! ».
La fin de la trilogie est programmée en 2025. Que prévoyez-vous pour la suite ?
Je n’exclus pas de reprendre Lou ! à l’avenir, mais j’ai besoin de prendre de la distance après avoir travaillé dessus pendant deux décennies. Je projette de créer et d’autoproduire une série animée plus adulte, où je parlerai essentiellement d’amour et de sensualité, des sujets que je n’ai pas pu trop explorer avec Lou !. Elle se déroulera dans un univers plus barré, proche de la science-fiction et du mysticisme.