Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

De La Hune, la librairie qui fut pendant six décennies le centre gravitationnel de Saint-Germain-des-Prés, il ne restera bientôt qu’une photo souvenir. Son déménagement, il y a trois ans, du boulevard Saint-Germain à la rue de l’Abbaye se solde, comme on s’y attendait malheureusement, par un échec. Vendue, la librairie va se transformer en galerie photo. L’affichage culturel est sauf. Le livre non.

Photo PHOTO OLIVIER DION

On peut y voir un symbole à l’heure où la profession engage une nouvelle bataille. Depuis l’automne, sur le modèle de ce qui existe dans la musique et dans la vidéo, des offres d’abonnement illimité à des livres s’installent en France. Pour 9,99 euros par mois, tout un chacun peut avoir accès en ligne à tous les livres. Du moins à ceux pour lesquels les éditeurs ont passé des contrats avec les sociétés qui les proposent. Cela limite considérablement pour l’instant l’offre en livres français : les éditeurs de l’Hexagone, comme d’ailleurs leurs confrères américains, refusent pour la plupart de perdre le contrôle du prix de leurs livres, au profit d’un système qui menace directement l’édition comme la librairie, déjà bien fragile, comme on le voit.

Le ministère de la Culture a réagi en demandant à la médiatrice du livre, Laurence Engel, si ces systèmes n’étaient pas en contradiction avec la loi de 1981 sur le prix unique du livre, élargie en 2011 au livre numérique.

L’avis de celle-ci, rendu mercredi 19 février, est clair. La loi est parfaitement adaptée aux offres d’abonnement numérique. Ces dernières doivent donc respecter le principe de régulation qui prévaut dans le secteur du livre, à savoir le prix fixé par l’éditeur. "Il n’est pas de système plus simple ni plus souple que celui, efficace, qui consiste à laisser la main à l’éditeur pour fixer le prix du livre", écrit-elle en précisant bien que les offres d’abonnement dont le prix n’est pas fixé par l’éditeur contreviennent à la loi. Une façon bienvenue de remettre tous les intervenants à égalité et de préserver les équilibres qui font que le secteur du livre est encore dynamique en France.

Le numérique ne pose en tout cas pas de problème métaphysique à Harlen Coben, l’homme aux 65 millions de livres vendus en 43 langues. De passage en France pour le tournage de la série de TF1 adaptée de son roman Une chance de trop, il a confié à Livres Hebdo : "J’écris des livres et il m’importe peu qu’ils soient publiés sur papier ou au format numérique, qu’ils soient lus sous une forme traditionnelle ou sur une liseuse. Je fais le bébé, aux gens de s’en occuper."

20.02 2015

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