Initialement prévue pour les élèves de CM2 dans le cadre du projet « Un livre pour les vacances », puis finalement retoquée par le ministère de l’Éducation nationale, la version du conte La belle et la bête illustrée par Jul sera publiée aux éditions GrandPalais-RMN le 18 juin prochain. Au lieu des 800 000 exemplaires commandés par ledit ministère, le livre voit son tirage drastiquement amputé, n'atteignant aujourd'hui que les 18 000 exemplaires. 

Une version jugée inadaptée

Face à la presse, la ministre de l'Éducation Elisabeth Borne s'était montrée sceptique sur la pertinence de distribuer l'ouvrage de Jul aux enfants   « Je ne suis pas sûre que soit forcément compréhensible que le père de la Belle soit un monsieur algérien, qu'on voit dans des scènes où il est totalement ivre, il fait de la contrefaçon, est arrêté par des policiers. [...] Jul a beaucoup de talent, il manie l'ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n'est pas adapté ». Des propos renforcés par une source interne du ministère qui affirmait au quotidien Marianne : « On flirte avec une forme de racisme, quoi qu'en pense l'auteur, ou tout au moins avec des clichés ». 

De son côté, le dessinateur, Julien Berjeaut de son vrai nom, s’est indigné auprès du journal Le Monde, dénonçant une « censure » et une « décision politique » sous des « prétextes fallacieux ». Le Conseil permanent des écrivains, un regroupement d'associations d'auteurs et de défense de la liberté de création, a soutenu l’artiste en critiquant le « revirement » du ministère.