En partenariat avec la bibliothèque Jacques Doucet, il s'agit de la première exposition sur le surréalisme présentée par Bérénice Stoll, conservatrice à la réserve de livres rares de la BNF, Olivier Wagner, conservateur du departement des Manuscrits de la BNF et Isabelle Diu, directrice de la bibliothèque Jacques Doucet. Sur quatre salles, l'exposition propose aux visiteurs de découvrir la fondation de ce mouvement littéraire. Elle est ouverte jusqu'au 14 mars 2021, selon le calendrier actuel.
L’expérience fondatrice de la guerre
Comment parler du surréalisme sans évoquer la Première Guerre mondiale? Tous les auteurs ont été confrontés à cette guerre. André Breton, acteur central du surréalisme, était notamment infirmier militaire à Nantes. Comme ses pairs, il est à la recherche d’un nouvel esprit à la fin du conflit. C’est la première partie de l’exposition intitulée "Guerre et esprit nouveau".
Dans la salle d’exposition, une vidéo avec les œuvres Der Krieg d'Otto Dix montrent les horreurs de cette époque. Face aux visages sombres et défigurés de l’artiste, trône la Parade de Jean Cocteau, ensemble de costumes extravagants dessinées par Pablo Picasso, signe du bouleversement des canons artistiques. La nouveauté sera trouvée dans la poésie. "La poésie, c’est la vie", en opposition à la mort omniprésente lors de la guerre, explique Isabelle Diu.
Les "aînés" et la nouvelle mentalité poétique
Les jeunes André Breton, Jacques Vaché ou encore Louis Aragon cherchent tous des mentors auprès des "aînés". A l’instar de Guillaume Apollinaire qui présente Les Mamelles de Tirésias, le 24 juin 1917. La manuscrit autographe de la pièce de théâtre aborde la repopulation de la France de façon provocatrice.
Témoin de cette nouvelle ère: La Revue Littéraire fondée en mars 1919 par André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault. On y trouve des textes de Paul Valéry, mais également des récits plus novateurs qui représentent "la mentalité poétique de l'époque" selon Bérénice Stoll.
Révolution surréaliste
Un texte fédère l’ensemble de ces jeunes hommes: Le manifeste Dada de Tristan Tzara, exposé avant le passage à la deuxième salle. Le texte déclenche la révolution surréaliste de Zurrich à New-York, en passant par Paris. Dans la deuxième partie de l’exposition: "Rêve et automatisme" commence l'exploration entre l’inconscient et "la transcription parlée".
Le concept est amorcé dans Les Champs magnétiques, texte rédigé à deux mains, par André Breton et Philippe Soupault. Il a été érit en quelques jours en réaction aux excès du symbolisme, selon Olivier Wagner. Face à l'ouvrage, le commissaire de l'exposition invite à admirer "la liberté du tracé, la complexité du montage et la recherche de matériaux brut": la fameuse "écriture de l’automatique" où le texte inspire l’image et l’image, le texte.
L'édition originale du Manifeste du surréalisme de Breton rédigé peu de temps après est considéré comme l'apothéose du mouvement. Le manifeste n'a pas pu être prêté pour l'exposition pour des raisons juridiques.
Autre tendance du surréalisme: le sommeil hypnotique. Toutes les séances depuis la première en 1922 sont consignées et donnent naissance à "une poésie de l’inconscient", à l’instar des dessins de Robert Desnos.
Dans la troisième salle, "Manifestes et provocations", le mouvement surréaliste continue de se développer. Des tracts sont publiés dans la rue et distribués lors de réunion. Dans cette partie, la rupture entre les surréalistes et le mouvement Dada est affichée avec le procès pénal fictif de Maurice Barrès par les dadaïstes en mai 1921.
La folie et l'amour: Nadja
Une dernière partie est consacré entièrement à Nadja, intitulée "Amour et folie : Nadja l'âme errante". La rencontre de Breton et Nadja est devenue le symbole du surréaliste. En mars 1927, à l’occasion d’un épisode délirant, Nadja est définitivement internée dans un hôpital psychatrique, tandis que Breton commence l'écriture de leur histoire. Publié en 1928, le récit de cette rencontre avec Nadja, Léona Delcourt de son vrai nom, représente la phase extrême de la folie du surréalisme.