Comment est née l'idée d'ouvrir un musée du livre censuré ?
J'ai voulu changé ma vie et faire quelque chose qui a du sens pour moi et qui me passionne. Quand j'étais jeune, j'ai lu 1984 de George Orwell. Ce livre m'a marqué. J'ai beaucoup d'intérêt pour la liberté d'expression et les langues. J'ai vécu quelques années en Chine avant de venir ici en Estonie, alors les sujets comme ça, j'y suis très sensible.
J'ai mes propres convictions, mais ce n'est pas mon rôle de me prononcer. Je montre l'ouvrage aux visiteurs en expliquant l'histoire et le contexte. Par contre, on n'expose pas des ouvrages qui peuvent porter atteinte à des personnes. L'idée est de venir dans le musée pour découvrir de nouvelles choses et de challenger ses idées.
Combien de livres sont exposés ?
Nous avons 120 références dans le musée et 500 toujours en cours d'études. Nous avons une large collection sur le Royaume-Uni, la Russie et également l'Estonie. Au total, les livres présentés couvrent 12 pays. Dans la section sur les langues, il y a une partie sur la langue basque. Nous n'avons pas d'ouvrages français, bien que j'aimerais beaucoup m'étendre sur cette zone. Je ne parle pas le français donc j'ai besoin de personnes qui pourraient m'aider à travailler là-dessus.
Pouvez-vous nous parler de certaines oeuvres du musée ?
Nous avons des ouvrages comme 1984 de George Orwell mais aussi un livre que je trouve assez drôle qui porte sur le cubisme. En 1973, après le coup d'Etat de Pinochet au Chili, tous les livres sur le communisme ont été brûlés. Le terme "cubisme" faisait penser à Cuba, alors il a été détruit. Il y a aussi 50 nuances de Grey de E.L James. Les gens ne savent pas que ce livre a été interdit et c'est ça qui m'intéresse: faire apprendre de nouvelles choses aux gens.
Comment s'est passé l'ouverture ?
Nous avons ouvert il y a deux semaines maintenant, mais ça fait un an que je travaille sur ce projet. C'était très stupide d'ouvrir pendant l'épidémie de Covid-19, mais tant pis ! Pour l'instant, le musée est financé grâce à des dons sur la plateforme Patreon, et quelques ventes de livres.