14 mai > Essai France

Jean-Didier Urbain s’est fait connaître en 1991 avec L’idiot du voyage (Plon puis "Petite bibliothèque Payot") dans lequel il faisait l’histoire des touristes. Pour cet anthropologue, le touriste n’apparaissait plus comme un crétin moderne, mais comme le créateur intelligent d’une géographie personnelle. Après des ouvrages sur les plages et les vacances, ce professeur à l’université de Paris-Descartes, membre du Cerlis (Centre de recherche sur les liens sociaux), revient sur le sujet qui les réunit tous : la Méditerranée. Celle qui l’intéresse est moins celle de Braudel que celle de Blitz et Trigano, celle du Club Med et des campings.

Jean-Didier Urbain montre que la Méditerranée n’a pas toujours été liée à l’été et à l’idée que l’on s’en fait. La tentation orientaliste, l’attrait de la sensualité, fut une source pour les artistes et les écrivains. La Méditerranée attirait davantage les gens l’hiver et était synonyme de soins, de culture et de sexe.

Avec l’invention de l’expression "Côte d’Azur" par le sous-préfet Stéphen Liégeard en 1887, les choses commencent à changer. Après les premiers touristes viennent les Américains de la "génération perdue" qui lancent autour de Fitzgerald la station estivale de Juan-les-Pins dans les années 1920. Puis ce furent les congés payés et l’afflux vers la plage méprisée par l’élite, car populaire et collective, "affreusement sociale et communautaire". Ainsi, sur le modèle polynésien, le Club Med réinvente les îles de la Méditerranée pour une clientèle plus huppée.

Avec beaucoup de détails, d’anecdotes, de références, Jean-Didier Urbain dévoile les mystères de la "Dame en bleu" et propose un beau voyage qui donne aussi à réfléchir. Laurent Lemire

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