SUISSE

Le réseau Payot négocie un approvisionnement direct avec Gallimard et Flammarion.- Photo DR/PAYOT LIBRAIRIE

Alors que le franc suisse ne valait que 0,60 euro à son plus bas niveau en 2007, il est aujourd'hui monté à 0,80 euro et a même frôlé la parité en août dernier. Comme une grande partie de ce qui est consommé dans la confédération helvétique est importée de la zone euro, les Suisses se sont mis à comparer les prix de ces biens chez eux par rapport au pays d'origine. Et ils trouvent que tout est resté trop cher, en accusant leurs commerçants d'accaparer l'avantage du change. Pour le livre, c'est facile : le prix est marqué dessus.

Malgré la fameuse tabelle, surcoût justifié par les frais de change et d'importation, les prix des livres ont pourtant baissé, "de 15 à 20 %" assure Patrice Fehlmann, directeur général de l'Office du livre (OLF), premier centre de distribution de Suisse romande, et qui dispose d'un bon poste d'observation du marché. En France, un tel recul des prix aurait provoqué un séisme encore plus important que la hausse de la TVA, et peut-être une ruée en librairie. Mais les Suisses jugent que le différentiel reste trop élevé et les libraires constatent une baisse de fréquentation. Des associations de consommateurs et quelques hommes politiques ont même encouragé dans la presse l'achat transfrontalier ou sur Internet, où Amazon vend en euros. Chez Payot, filiale de Lagardère Services, le recul des prix et des ventes a entraîné, de septembre à novembre, une perte de chiffre d'affaires de 15 %, constate Pascal Vandenberghe, directeur général du premier réseau de librairies (11 points de vente) de Suisse romande.

Comme il est inutile d'attendre une reprise de l'euro pour régler ce problème, Payot négocie avec les groupes français un approvisionnement direct, contournant la tabelle et le système d'importation via les filiales de diffusion locales. Flammarion et Gallimard ont donné leur accord, indique le DG de Payot, dont le réseau pourra ainsi vendre les titres de ces éditeurs à des prix acceptables pour les consommateurs, sans rogner sur sa marge. Le mouvement devrait faire tache d'huile : la Fnac et la grande distribution suisses exigeront le même avantage. Les librairies indépendantes pourraient aussi organiser ce circuit direct à condition de se regrouper, pour négocier leur logistique via l'OLF.

06.03 2015

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