Roald Dahl a écrit qu’"une vie est composée d’un grand nombre de petits incidents et d’un petit nombre de grands". Peu de gens se souviennent qu’il a été pilote de la Royal Air Force, tout comme le héros du premier roman de Daniel Torday. Enseignant l’écriture créative en Pennsylvanie, celui-ci grandit dans une famille venue de Hongrie. Un pays que ses grands-parents ont fui grâce à de faux papiers. Ce n’est qu’à la mort de sa grand-mère que l’auteur en herbe découvre leur judéité. Un secret lourdement gardé, qui lui donne envie de transmettre des histoires.
Celle d’Elijah est profondément liée à son oncle. "J’avais quinze ans, l’âge auquel on a besoin d’un héros." Ce sera donc pour lui, "Poxl West, le premier Juif à avoir survécu aux nazis mais aussi à les avoir littéralement combattus". Les Mémoires de ce dernier font d’ailleurs un malheur. Tantôt héros légendaire, tantôt figure paternelle idéalisée, Poxl ne se lasse pas de raconter ses exploits. Ebloui, son neveu dévore ses écrits. Il découvre le récit d’un homme au destin extraordinaire.
Né en Tchécoslovaquie, Poxl était supposé reprendre la tannerie familiale, mais l’arrivée des nazis l’oblige à quitter son pays. "J’étais un jeune Juif avec un avenir à protéger." Les Pays-Bas lui ouvrent les bras. C’est là qu’il vit son premier amour avec Françoise. La fuite étant son mode d’action, le protagoniste ne tarde pas à la quitter sans un mot. Une décision impitoyable qui le poursuivra toute sa vie.
Alors qu’il rejoint la Grande-Bretagne, il aspire à devenir pilote. Mais là aussi, la guerre le rattrape. Il y apprend la déportation de ses parents. "Les Allemands allaient tuer jusqu’à nos morts si nous ne faisions rien pour les en empêcher." Poxl devient bombardier, un choix qui comprendra son lot de regrets et de remords. Le plus grand étant Françoise, cette femme qu’il ne parvient pas à oublier. Aux yeux de son neveu, il représente un héros aventureux, mais si tout cela n’était qu’une illusion ? La vérité n’est pas toujours belle à voir, certains préfèrent l’enjoliver. Mais, jusqu’où peut-on cacher ses failles qui font le propre de l’humanité ? Kerenn Elkaïm