L'importante opération immobilière prévue à Earls Court, qui accueille la Foire depuis 2007, a en effet contraint Reed Exhibitions, qui l'organise, à lui trouver un nouveau site. Une opération délicate : en 2006, la tentative d'implantation de la manifestation au centre Excel, bien loin du centre de la capitale britannique, avait constitué un tel échec et suscité une telle levée de boucliers que les stigmates du traumatisme sont encore bien présents à l'esprit des éditeurs internationaux qui l'ont vécu.
Cette fois, les organisateurs prennent moins de risques en visant, du 14 au 16 avril 2015, l'Olympia Hall, à seulement une station de métro de distance d'Earls Court. Cet élégant pavillon d'exposition a déjà hébergé la Foire du livre de Londres pendant des décennies, jusqu'en 2005. Mais il avait alors été jugé trop petit et vétuste. Depuis 2011, selon la directrice de la Foire, Jacks Thomas, il a fait l'objet de 20 millions de livres sterling (plus de 24 millions d'euros) de travaux de modernisation et d'extension. "Une nouvelle aile, de deux niveaux, a été ajoutée à l'ouest du site, et les connexions entre les halls ont été considérablement améliorées", souligne-t-elle.
Tous les jours de la foire 2014, des navettes ont permis aux exposants d'aller évaluer sur place par eux-mêmes l'impact des travaux réalisés, et de se projeter dans le nouveau lieu, dont le shéma d'implantation un peu complexe (5 tarifs différents au m2 sont prévus en fonction de la localisation des stands, "certains plus élevés, d'autres moins", annonce Jacks Thomas) n'est pas encore complètement finalisé.
A l'Olympia en 2015, le stand français aménagé par le Bureau international de l'édition française (Bief), le troisième plus important de la foire après ceux de Random House et d'Hachette UK/US, devrait occuper 384 m2, soit une surface proche de celle de cette année, au rez-de-chaussée du pavillon historique, estime le directeur général du Bief, Jean-Guy Boin. "Nous sommes en négociation avancée pour un très bon emplacement, mais avec des discussions sur les augmentations de tarifs demandées par les organisateurs", précise-t-il, estimant que "comme tous les salons, à commencer par Francfort, Londres s'inscrit dans une tendance inflationniste des foires, déconnectée de la réalité de l'évolution des prix et de celle des marchés du livre".
Autre problème, pour le directeur général du Bief, la proximité, voire la concomittance des dates entre les salons de Paris, Bologne et Londres. "Londres a fixé unilatéralement ses dates pour 2015, déplore Jean-Guy Boin. Il faut pour 2016 une concertation entre les directeurs des foires, mais aussi avec les responsables des associations d'éditeurs anglais, italiens et français."
"Pour mes dates de 2015 comme pour celles de 2016, également déjà fixées, je n'ai pas eu le choix car, avec la fermeture d'Earls Court, il n'y a plus que deux lieux d'exposition à Londres, contre trois auparavant, répond Jacks Thomas. En revanche, dès que j'ai su les dates des deux prochaines foires de Londres, j'ai prévenu Bologne", assure-t-elle.